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Ghaza : L'Algérie et la Chine mobilisées

par Yazid Alilat

Situation chaotique, hier, à Ghaza où l'aviation israélienne a, encore, tiré contre une école de l'ONU servant de refuge à plus de 3.000 Palestiniens.

Bilan: plus de 10 morts et poursuite du massacre des Palestiniens, alors qu'une seconde grande initiative diplomatique pour faire cesser cette agression contre les Ghazaouis se met, progressivement, en place. Il y a d'abord l'initiative algérienne, largement soutenue par les pays Non Alignés, de convoquer en urgence le Conseil de sécurité de l'ONU, pour mettre un terme au diktat militaire d'Israël et la fin de son agression contre les Palestiniens. La démarche algérienne est suivie, sur le terrain, par la poursuite de la médiation égyptienne, basée sur l'arrêt des hostilités et le début de discussions entre Israël et le mouvement Hamas. Hier dimanche, un délégation palestinienne, de haut rang, comprenant des responsables de l'OLP dont Mahmoud Abbas et du Hamas, était au Caire, pour discuter des points d'une si difficile trêve dans les bombardements israéliens contre l'enclave de Ghaza. Mais, cette initiative semble être vouée à l'échec puisque Israël a déclaré ne pas vouloir y participer et n'enverra aucun délégué. Une position qui complique la donne pour la Communauté internationale, excédée par l'arrogance d'Israël, l'ampleur du bilan des victimes palestiniennes, et les retombées politiques de cette agression sioniste contre le peuple palestinien. C'est surtout cette vision des choses, celle d'une sauvage agression militaire contre des civils désarmés qui semble avoir fait réagir la Chine, dont le chef de la diplomatie effectue une tournée, dans la région.

Hier dimanche, il a appelé, au Caire, Israël à cesser ses bombardements contre les civils, à Ghaza. Avec un ton légèrement menaçant. Wang Li a appelé l'entité sioniste à mettre fin à son offensive, à Ghaza et à lever le blocus imposé à l'enclave palestinienne, depuis 2006. «Les deux camps, les Israéliens et les Palestiniens doivent, immédiatement et totalement, cesser le feu, y compris les raids aériens, les opérations au sol et les tirs de roquettes pour sauver les personnes et la paix dans la région», a déclaré le chef de la diplomatie chinoise. «Toute action qui implique un usage excessif de la force et qui conduit à des victimes civiles est inacceptable», a-t-il encore dit, ajoutant qu'Israël devait «lever le blocus» de la bande de Gaza. A Londres, même réaction du ministre britannique des Affaires étrangères Philip Hammond, qui a appelé, à la fin du ?'massacre'' à Ghaza. Il considère que la situation, à Ghaza, est devenue «intolérable» pour la population civile. Dans une interview au ?Sunday Telegraph', il a, notamment, relevé que ?'l'opinion publique britannique a le fort sentiment que la situation est devenue intolérable pour la population civile, à Ghaza et qu'il faut réagir, et nous sommes d'accord avec cela». Il a, également, affirmé avoir reçu des milliers d' e-mails de la part de Britanniques «profondément troublés par ce qu'ils voient à la télévision» depuis le début de l'agression israélienne dans la bande de Gaza, le 8 juillet. Appelant à ?'un cessez-le-feu humanitaire immédiat et sans condition», il a ajouté: ?'nous devons obtenir l'arrêt des massacres».

UNE 3EME ECOLE DE L'ONU BOMBARDEE

Sur le terrain, et malgré des informations faisant étant d'un semblant de retrait de l'armée israélienne de certains quartiers de Ghaza comme à Khan Younes, l'agression se poursuit. Dimanche, une troisième école gérée par l'UNRWA a été bombardée par l'aviation israélienne, à Rafah, dans le sud de l'enclave, faisant au moins 10 morts et une trentaine de blessés, selon les secours. «Il semble qu'une frappe aérienne a touché l'extérieur de l'entrée d'une école de l'UNRWA qui servait d'abri pour, au moins, 3.000 habitants déplacés», a déclaré Adnan Abou Hasna, porte-parole de l'UNRWA. «Il y a de multiples morts et blessés, à l'intérieur et à l'extérieur de l'école, dont un employé de l'UNRWA», a-t-il ajouté. Depuis le début de l'opération militaire israélienne contre la population de Ghaza, le 8 juillet, plusieurs écoles gérées par l'Agence onusienne où des milliers de civils palestiniens ont trouvé refuge, ont été victimes de frappes israéliennes. A Djabalia, dans le nord du territoire, un bombardement de l'école de l'ONU, mercredi dernier, a fait, au moins, 15 morts, alors que cette école abritait plus de 3.000 personnes. Le 24 juillet à Beit Hanoune, une autre attaque contre une autre école de l'Agence onusienne a fait, également, 15 morts. Par ailleurs, plus de 40 personnes ont été tuées par les bombardements, pour la plupart à Rafah, selon des sources médicales, portant le bilan de cette attaque israélienne à plus de 1.800 morts.

L'ETRANGE DECLARATION DE L'UE

Et puis, il y a cette réaction inattendue, quelque peu bizarre, de l'Union européenne, restée jusque-là totalement absente face aux graves crimes de guerre commis par Israël, dans la bande de Ghaza. Dimanche, et par la voie du président du Conseil, Herman Van Rompuy, l'Union européenne a demandé «l'arrêt immédiat» du bain de sang provoqué par l'agression militaire israélienne à Ghaza. «Le bain de sang doit cesser», a affirmé Herman Van Rompuy dans une déclaration au nom des 28 membres de l'UE co-signée par le président de la Commission européenne José Manuel Barroso. «Ghaza souffre d'intolérables souffrances, depuis plus de trois semaines déjà et elles ont coûté beaucoup de vies, dont celles de nombreuses femmes et enfants. Cela doit cesser immédiatement», affirme Herman Van Rompuy dans cette déclaration. Et puis, il y a cette déclaration ambiguë de Van Rompuy: ?'il y a des objectifs que des opérations militaires ne peuvent atteindre», ajoutant que ?'seule une solution négociée basée sur deux Etats respectueux l'un de l'autre peut apporter la paix», a-t-il rappelé. Il a ajouté que l'UE est prête à ?'faciliter les négociations'' entre Israéliens et Palestiniens. La déclaration du Président du Conseil de l'UE, absent jusque-là, semble, en fait, annoncer une possible fin de l'agression militaire sioniste dans la bande de Ghaza. Le ton de cette déclaration, avec les annonces d'un début de retrait de troupes israéliennes au sol de Ghaza, même si les bombardements aériens se poursuivent, donne quelques éclairages sur de possibles nouveaux et rapides développement de la situation. Comme si Israël, qui a échoué à vaincre la résistance palestinienne, n'attend que ce geste de la Communauté internationale pour stopper son agression, sans perdre la face.