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Timgad accueille Ghaza

par El Yazid Dib

Avec un séisme qui décime 6 personnes, un crash d'avion qui totalise 116 victimes, un bombardement qui extermine plus de 1.500 innocents, la joie n'est pas dans un pas de danse ou un cri de scène. Timgad qui se préparait, depuis la dernière édition, à sa nouvelle, s'est contracté durant celle-ci à vouloir mugir, tel un lion des Aurès, les blessures des femmes et enfants ghazaouis. Cet été, contrairement aux précédents, verra se produire, sur le podium des pierres romaines, le malheur humain et l'idiotie du même genre qui sévissent, dans un lieu où toutes les genèses sont censées y être produites. La Palestine pansera-t-elle ses plaies béantes et continuelles par le simple bris du clame nocturne d'un site romain dédié, entièrement à son martyre ? Il n'est pas, dans le pouvoir de tous, de réussir à tirer de la souffrance, la jubilation et de l'inertie, la transe. Faut-il, encore, pouvoir transmuter la solidarité par tout acte capable de provoquer une présence et un hommage. «L'épopée des Aurès» sera une autre légende à retenir dans le registre des triomphes qui font d'un homme le même homme apte à régenter les péripéties, d'un extrême à un autre. De Ghaza à Batna, la douleur est identique. L'aptitude d'être un ghazaoui, le temps d'une soirée, en ce sens, est un comportement politique et un engagement aussi simple que l'est l'affectation de toute la recette au profit de cette contrée à multiples meurtrissures. Le festival est un producteur d'art, de science et de culture. Une machine qui combat, quelque part, la trouille. Il est aussi un organe de diffusion, certes d'une exultation apparente mais qui abrite, toujours, en son sein, un désarroi. Si la chose populaire se laisse aller aux fins du lugubre des choses publiques, l'être ne sera qu'une somme de soucis, dont la forte accumulation tiendra pour responsables le pessimisme, le défaitisme et le penchant vers le catastrophisme. La vie est également faite de fêtes, de chants et de crêtes. A la mort, le zéphyr qu'octroie l'agonie comme dernier hommage à rendre à l'âme avant qu'elle ne se rendre, se confine en un repos long par sa brièveté, reconnaissant par son état d'ébriété, entre la vie et la mort, la seule différence demeure dans le souffle et l'espoir accrocheur aux merveilles du monde d'ici-bas, le festival, une limite entre la peur et le cran. Ghaza sera honorée, jubilée, psalmodiée.