Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Erreur dans la transcription des notes : Des instructions pour recevoir les recours des recalés au bac

par Abdelkrim Zerzouri

Dans une réaction qui peut surprendre beaucoup de monde, la ministre de l'Education nationale, Mme Nouria Benghebrit, a donné instruction aux directions de l'Education, à travers les 48 wilayas, d'ouvrir les portes des recours devant les candidats recalés au baccalauréat «session juin 2014».

Une première dans les annales du baccalauréat. Tout a commencé par une protesta organisée, ces derniers jours, par quelques candidats malheureux, accompagnés de leurs parents, et qui dénonçaient des écarts importants entre la note méritée ou telle qu'on la concevait, sur la base du travail des candidat, des corrigés-types et des copies de brouillons, et ce qui a été transcrit sur les relevés de notes obtenues aux épreuves du baccalauréat et remis aux intéressés, après la proclamation des résultats, le 2 juillet dernier. Au début, on incriminait la (mauvaise) correction des copies, et l'on exigeait, dans ce sens, une seconde correction. Chose qui ne pouvait se réaliser, «l'erreur étant, infiniment, réduite, lors des corrections des copies qui passent par trois différents correcteurs», leur opposait-on. Mais, peu à peu, la protesta prenait des allures d'un mouvement qui a fait tâche d'huile, car les mêmes réclamations sont reproduites, à travers toutes les régions du pays, où des centaines de candidats choqués, offensés au plus haut degré, criaient, à qui veut bien les entendre, que les notes qu'on leur a remises ne reflètent pas la réalité de leur niveau scolaire, ni le travail accompli, durant les jours de l'examen. Selon des témoignages concordants, certains relevés de notes portaient la même note reproduite pour toutes les matières (!), alors que d'autres candidats ont obtenu un 0, à l'épreuve d'éducation physique, une note éliminatoire, malgré le fait que le candidat ait décroché une moyenne générale supérieure ou égale à 10, et malgré le fait que le candidat ait bien subi les épreuves d'éducation physique et que la note «attendue» dans cette matière «facile» ne pouvait descendre en-deçà de la moyenne. Tant d'incohérences ne pouvaient laisser indifférente la ministre de l'Education nationale, qui a décidé, courageusement, de défoncer cette porte, afin de rectifier les erreurs avérées, de ne pas priver les élèves de leur droit. Bien sûr, on risque de provoquer, à travers l'ouverture de cette porte des recours, une forte vague à laquelle viendraient se joindre les cas «injustifiés», mais pouvait-on faire autrement et ignorer ces erreurs de transcription, puisqu'il s'agit bien d'erreurs de transcription, qui ont privé plusieurs candidats de leurs succès au bac ?! Un jeune d'une wilaya de l'est du pays a décidé, ces deux derniers jours, de rejoindre Alger et tenir un sit in permanent devant le ministère de l'Education nationale à cause d'un 0 éliminatoire qu'on lui a collé à l'épreuve «d'éducation physique», alors que la note en question est jugée irréelle, imaginaire. Contrairement donc au refus opposé par le directeur de l'Office national des examens et concours (ONEC) qui a soutenu, quant à lui, lors d'une récente conférence presse que «la révision des notes du baccalauréat est impossible», Mme Nouria Benghebrit a décidé d'aller jusqu'au bout de ce dossier aux relents scandaleux.

Une sombre machination ? Tout porte à le croire, surtout si l'on se réfère au tollé provoqué, dans certains milieux, par la nomination de Mme Nouria Benghebrit à la tête du département de l'Education nationale. Tout porte à croire que c'est du sable lâché dans l'engrenage du processus de préparation, du déroulement des épreuves et de la correction des copies des candidats au baccalauréat, session juin 2014. Toutefois, l'enquête qu'on ne manquerait pas de déclencher, dans ce sillage, pour faire toute la lumière sur ces erreurs de transcription serait plus apte à prouver s'il s'agit d'une main criminelle qui a osé recourir à une pratique infâme pour nuire à autrui, ou serait-ce une erreur, du reste très éloignée, qu'on mettrait sur le compte d'une défaillance des systèmes informatiques, de la machine, en somme ? Et dire que tout était réglé comme du papier à musique, du début jusqu'à la fin des épreuves, et jusqu'à l'annonce des résultats du baccalauréat. Malheureusement, un point noir sur le tableau vient de gâcher le travail titanesque déployé par une armée de fonctionnaires.