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Soirées de Ramadhan : Place Gambetta, dernière halte des veilleurs

par Ziad Salah

La place ?Gambetta' et une partie de l'avenue de Canastel attirent une certaine jeunesse, au moment du «s'hour». On y va pour les grillades. Le fumet qui se dégage des barbecues ne laisse pas indifférents celles et ceux qui empruntent ces passages. Difficile, donc, de ne pas céder à l'envie de se bousculer pour pouvoir croquer quelques brochettes. Le phénomène n'est pas nouveau, il faut le souligner. Grâce à deux ou trois espaces spécialisés dans les grillades, cette place attirait les fêtards et les noceurs qui terminent leur soirée, au petit matin. Après, deux ou trois restaurants, proposant le même genre de menu, sont venus renforcer ceux déjà existants. Au fil du temps, cette place a presque créé une activité, typiquement, nocturne, encourageant des initiatives similaires dans d'autres endroits. Mais durant le Ramadhan, les marchands de brochettes dont le nombre a, nettement grossi, reçoivent une autre clientèle. Sobre, en tout cas. Ce sont des jeunes, pour la plupart motorisés. Certains d'entre eux sont accompagnés de jeunes filles de leur âge. Tout indique que la consommation de la viande, au bon matin, ne leur pose aucun problème. D'apparence, ils font partie de cette génération dont la pizza et le «spécial» font partie de leur vocabulaire alimentaire. Eu égard à leur empressement, ils ne sont pas trop regardants quant à ce qu'on leur donne à manger. En tout cas, ils ne sont pas en mesure de se prononcer sur la qualité de la viande qu'on leur donne à manger. Probablement, certains sont des «retardataires», qui craignent de ne pas rentrer, à l'heure, chez eux, pour le dernier repas, avant le jeûne. Donc, ils se rabattent sur le sandwich avec brochettes ou merguez. A cause du manque du temps, on participe même au service : on prépare le pain, on étale la ?hrissa' ou la moutarde. Dans des cas, dans d'autres endroits, on se charge même de la grillade. Comme de coutume, ce genre de met s'accompagne d'une limonade. En tout cas, grâce à cette activité, une partie de l'avenue de Canastel, toujours mal éclairée, devient, désormais, une destination nocturne pour se «restaurer».

Le succès de ceux déjà installés incitera d'autres à se lancer dans le même type d'activités. Il suffit d'un simple regard pour comprendre que ce genre de commerce ne vise pas à capter les familles, pour le moment. Le manque du minimum pour les accueillir dissuade celles tentées par l'aventure de se frotter à des jeunes, à des heures impossibles de la nuit. En dehors de certaines pizzerias qui se sont reconverties aux grillades, la majorité des marchands sont des individus, disposant uniquement d'un barbecue, à un endroit bien placé. Signalons que les vendeurs de grillades de la rue de la Bastille ont disparu, cette année. Ils n'ont pas su «s'agrandir» au moment ou il le fallait. Ailleurs, des petits marchands sont devenus des restaurants avec enseignes, ciblant, en premier lieu, les familles.