Bruxelles a vécu, la veille d'une triple élection, européenne, fédérale et
régionale, l'horreur d'un attentat terroriste contre le musée juif de la ville.
Bilan: quatre morts et une ville en état de choc.
Moins de 24 heures avant le début du vote en Belgique pour les élections
européennes, mais aussi régionales et fédérales, Bruxelles a vécu, samedi vers
16h00, un attentat terroriste qui a ciblé le musée juif de la ville. Bilan : 4
morts, 2 femmes et 1 homme et une quatrième personne évacuée dans un état
critique est décédée dimanche matin. L'attentat a provoqué une onde de choc
dans le pays, d'autant plus que c'est la première fois que la Belgique est
touchée par un attentat terroriste de cette nature. En effet, le pays a été
épargné par la violence terroriste apparue ces 20 dernières années à travers le
monde. Les derniers attentats meurtriers dans le pays, œuvre des Cellules
combattantes communistes (CCC), remontent aux années quatre-vingts. Samedi,
tout de suite après l'attentat, des personnalités politiques de premier plan
sont descendues sur les lieux et exprimé tout leur dégoût, leur colère et
dénoncé avec force cet acte odieux. Aucune revendication de la tuerie ne s'est
manifestée. Un crime gratuit, silencieux mais ciblé sur la communauté juive. Du
coup, les responsables de la communauté juive, notamment la Coordination des
communautés juives de Belgique (CCOJB), en ont déduit, à juste titre, un acte
terroriste antisémite semblable, dans son mode opératoire, à celui perpétré à
Toulouse (France) par Mohamed Merrah, en mars 2012, et qui avait visé une école
juive. Par ailleurs, rappelons que les organisations juives et bien
d'observateurs de la scène politique belge se sont élevés ces derniers mois
contre un certain regain d'activisme de mouvements antisémites, conséquence de
la violence politique qui frappe des pays arabes comme la Syrie et celle
pratiquée par le gouvernement israélien en Palestine occupée. En Belgique, en
avril dernier, de mystérieuses organisations antisionistes et antisémites
avaient annoncé la tenue d'un «congrès antisioniste» à Bruxelles, dans la commune
d'Anderlecht. Cet ensemble hétéroclite était conduit par le député fédéral
Laurent Louis (dit indépendant et non inscrit dans un groupe politique.) La
ville de Bruxelles avait interdit la tenue de la rencontre qui a fini en
affrontement avec les forces de l'ordre. Cependant, il n'est pas évident de
faire le lien entre les deux événements. Seule certitude : le regain du
discours antisémite, raciste et xénophobe d'une manière générale, ces derniers
mois en Belgique (et en Europe), œuvre de groupuscules d'obédience nazie,
extrémistes se réclamant de l'islam ou ceux des partis politiques d'extrême
droite ne peut être dédouané de la multiplication d'actes antisémites,
anti-musulmans et du développement d'actes racistes en tous genres. Pour
l'heure, les services de sécurité belges ont intercepté un suspect qui a été,
après quelques heures d'interrogatoire, placé sous statut de témoin, alors
qu'un autre suspect est activement recherché. Tout porte à croire que les
services de sécurité disposent d'éléments probants et sérieux qui permettront
vite l'identification des auteurs de cette tuerie. Si l'acte terroriste visait
à perturber les élections en Belgique, c'est chose ratée pour ses auteurs.
Dimanche, les files aux bureaux de vote s'étiraient dès la matinée (le vote
étant obligatoire en Belgique) et un climat de calme et de discipline dominait
la capitale belge. Notons que dès l'annonce de l'attentat, les services de
sécurité de plusieurs pays européens, notamment ceux de France, ont élevé le
niveau d'alerte antiterroriste et mis sous protection les sites sensibles
telles les synagogues, centres culturels, etc.