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Amendements de la Constitution : Pas de participation aux consultations

par Mokhtaria Bensaâd

Dans un discours, tantôt rassembleur, tantôt de mise en garde, l'ex chef de gouvernement Mouloud Hamrouche, invité, à Oran, pour une conférence sur l'Etat moderne, a appelé à tourner la page du passé pour avancer sans «sous-estimer les facteurs de division, les facteurs d'instabilité, dans le pays et dans la région, qui peuvent se répercuter, à tout moment, sur notre pays», dira-t-il, «sur la société et sur nos structures officielles ou pas. Sur les structures administratives, les structures de l'Armée, les structures de sécurité, sur les structures gouvernementales». «Je ne veux pas faire peur, la peur n'a jamais été une bonne conseillère», a lancé l'ex chef de gouvernement, à l'assistance, venue écouter sa conférence. Une conférence qui s'est voulue plus explicative sur la situation du pays, les échecs accumulés, durant un quart de siècle et la nécessité et même l'urgence d'arriver à un consensus national qui soit en mesure de construire un Etat moderne.

Pour l'ex chef de gouvernement, il n y a pas de recette miracle ni de solutions à présenter sur un plateau en argent.

La réflexion est ouverte à tous les niveaux pour redresser le pays. Même si l'assistance a insisté, à plusieurs reprises, sur l'urgence de proposer des solutions concrètes qui soient appliquées sur le terrain, Mouloud Hamrouche a été franc sur ce point, en déclarant, «je n'ai pas de solution à proposer.

Je ne suis qu'un Algérien, parmi tant d'autres, qui ont essayé de faire quelque chose pour ce pays». Sur le consensus, M. Hamrouche a rebondi, «Je n'ai pas de consensus à offrir. J'ai une idée qu'il faut, peut-être, commencer à se concerter sur quel type de consensus, on a besoin aujourd'hui ? Je ne suis pas sûr qu'on va être tous d'accord, tout de suite, sur la nature de ce consensus».

«JE SUIS PRISONNIER DE LA CONSTITUTION DE 89»

Sur la révision de la constitution et l'invitation du gouvernement, à toutes les forces politiques et sociales pour une contribution à travers des propositions, M. Mouloud Hamrouche s'est montré nostalgique en déclarant, «je suis prisonnier de la constitution de 89». Pour l'ex-chef de gouvernement, cette première initiative représentait «un progrès, une projection et une tentative de séparation du pouvoir, partage du pouvoir et des missions et contrôle de ces pouvoirs». Et l'invitation subite du gouvernement pour une consultation, est qualifiée par le conférencier de «projet qui nous ramène en arrière», «je suis désolé de le dire», dira-t-il, «Moralement, je n'ai pas accepté». Plus explicatif sur les raisons de son refus de participer à cette consultation, M. Mouloud Hamrouche a souligné, «j'étais devant une interrogation. Est-ce que je me suis trompé ou j'ai menti en 1989 ? Et qu'aujourd'hui, je reviens à la réalité. Ou bien suis-je, en train de mentir, maintenant, parce que mes convictions, c'est en 1989. Mettez-vous à ma place, je suis vraiment gêné. De l'autre côté, il est clair que dans le projet, il y a une urgence pour le pouvoir. C'est au gouvernement de régler, au minimum, une disposition dont on aura besoin pour faire fonctionner l'ensemble des rouages. Evidemment, cette disposition est là, apparemment, on n'a pas voulu focaliser les gens sur cette disposition. On a élargi, pour faire semblant d'élargir, l'amendement sur d'autres dispositions».

Avant de clore ce sujet, l'ex chef de gouvernement a annoncé «qu'une fois que ce texte a été rendu public, une information a circulé. Je ne sais pas si elle est vraie ou fausse. Disant qu'un autre projet est en élaboration plus détaillée et qui va être soumis. Je ne sais pas s'il le sera, au moment des consultations ou après». Il conclut : «Je suis gêné, je n'ai pas de réponse concrète».