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Les anesthésistes se mobilisent

par A. Mallem

Les anesthésistes se mobilisent et crient à l'injustice et à la hogra. «Cette hogra dure depuis environ 30 ans, c'est-à-dire depuis l'entrée en vigueur du code de la santé en 1985», nous ont expliqué jeudi dernier les anesthésistes de 7 wilayas de l'Est qui se sont rencontrés à la maison des syndicats Abdelhak Benhamouda de Constantine sous l'égide de leur syndicat national structuré au sein de la Fédération de la santé de l'UGTA. Pour, ont-ils dit, unifier leurs rangs, débattre de leurs problèmes et débattre du projet de la loi sanitaire en préparation dans le secteur de la santé publique et dont les assises nationales vont se dérouler les 15 et 16 juin prochain à Alger. MM. Abdallah Sekkil et Mahfoud Zeggari, respectivement secrétaire général et responsable de l'information au sein du syndical national des anesthésistes et réanimation, nous ont expliqué que les principales revendications de la corporation résident dans cinq points essentiels: la couverture juridique de l'anesthésiste, son inscription dans la nouvelle loi sanitaire, l'intégration de l'anesthésiste à l'échelle 13 et 14, la création d'un institut supérieur pour la formation initiale des anesthésistes et enfin la révision du statut particulier et du régime indemnitaire. Les concernés se sont beaucoup attardés sur le premier point concernant la protection de la corporation en s'insurgeant sur le fait que leurs collègues soient condamnés assez souvent par la justice sur des bases arbitraires pour des fautes qu'ils commettent, intentionnellement ou non, dans l'exercice de leur profession. «C'est la nature de notre métier qui nous expose à ces risques», disent-ils avec un certain fatalisme, en relevant la précarité de leur condition. Sans avancer un quelconque chiffre des agents condamnés, un participant avouera néanmoins que «des anesthésistes sont condamnés à tout bout de champ». Ainsi, proteste-t-il encore, «si au regard de la loi, nous sommes considérés comme des auxiliaires médicaux, la justice nous fait porter, elle, la responsabilité de praticiens spécialisés et nous juge selon ce critère lorsqu'il y a un accident. N'est-ce pas de la hogra ?». Aussi, ajoutent-ils, «nous voulons arracher un nouveau statut dans la future loi de la santé en demandant d'être inscrits par notre nom d'anesthésistes et non comme de simples aides car nous nous considérons comme des professionnels à part entière». Et un autre participant de conclure sur ce point en disant qu'il est temps que cela change. «Nous allons demander cette couverture légale dans le nouveau projet de loi sur la santé en préparation.

 Ensuite, nous revendiquerons la mise sur pied d'un conseil de l'ordre qui s'occupera de l'organisation de la profession et de la défense de ses intérêts». Les anesthésistes ne sont pas nombreux en Algérie, signale un autre. Il y a à peine 4.000 sur tout le territoire national, et ce nombre est très infime par rapport au développement de la santé en Algérie. En outre, le travail de ces agents est sous-évalué et ils sont considérés comme des auxiliaires médicaux en anesthésie et réanimation (amar), un statut inférieur à celui d'infirmier. «Le salaire mensuel d'un «amar», comme ils disent communément, ne dépasse pas 32.000 dinars alors que celui d'un infirmier peut aller jusqu'à 50.000 dinars», disent-ils pour montrer l'indigence de leur métier dans le secteur public.

Et de finir sur une note d'optimisme en disant que leur syndicat national est maintenant structuré, qu'ils ont pleinement confiance dans les autorités actuelles de la santé publique en Algérie qui, affirment-ils, leur ont fait entrevoir une possibilité de changement de leur situation avec, notamment, la reconnaissance de leur corporation par la nouvelle loi sur la santé et la possibilité pour eux d'élire un conseil de l'ordre qui prendra en charge la profession dans l'avenir.