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SAÏDA: Dialogue de sourds à la mairie

par Tahar Diab

Au deuxième round d'une session extraordinaire ouverte depuis la fin du week-end dernier, l'APC de Saïda vient de siéger une seconde fois pour essayer de trouver une ultime issue réglementaire à cette impasse administrative.

C'est en présence du secrétaire général de la wilaya accompagné du chef de daïra, du DRAG et du DAL (tous venus en observateurs seulement pour la circonstance ) que le président de l'APC a ouvert la séance pour soumettre l'ordre du jour réitéré, de nouveau rejeté par 19 membres sur un effectif de 33 élus dont 4 suspendus (d'obédience FLN ).

S'ensuivit un débat houleux où le chef de l'exécutif communal tentera vainement de faire adopter les 12 points inscrits, encore différés en bloc par cette nouvelle «opposition majoritaire».

Ces derniers reprochent en effet à leur maire de «n'avoir jamais été consultés au préalable à travers les différentes commissions dont les travaux demeurent gelés depuis 18 mois, faute de coordination et aussi à cause de la dérive administrative du travail fractionnel..»

De son retour occasionnel de l'Algérois où elle réside depuis son éviction de la fonction de maire pendant les trois premières semaines de la mandature, c'est intentionnellement cette élue choisie pour la circonstance qui lira fébrilement un communiqué décrivant le marasme de cette assemblée dont la nouvelle majorité sollicite de la tutelle qu'il soit fait application des articles 20, 21 et 41 du code communal.

Dans leur conclusion, les protagonistes supplient le maire de « rendre un dernier service militant en démissionnant du chef-lieu?..»

A son tour, et prenant à témoin ses pairs, les observateurs officiels et parallèlement la société civile composée de diverses associations à grande majorité sportive, le maire revient à la charge pour dénoncer, dira-t-il, «ce blocage intentionnel» visant à soulever les parties concernées: le rappel des 10% d'augmentations des salaires, l'affectation des subventions aux clubs, l'opération de solidarité consacrée au ramadhan, différentes opérations relatives aux transferts internes du budget, diverses approbations de marchés publics.

Dans leurs interventions personnelles au sujet du dysfonctionnement du parc qui semble encore demeurer le point noir de la gestion matérielle de la commune, le maire rétorquera qu'il a pris «une sage décision en mettant un terme à l'utilisation irrationnelle des véhicules à des fins personnelles»?

Mais ce qui a marqué le plus l'attention de l'assistance est ce double scénario de deux protagonistes dont l'un étalait une longue «plaidoirie à l'anglaise» faisant son propre éloge, tandis que son vis-à-vis s'appuyait sur ses supporteurs qui scandaient déjà son nom en tant que nouveau président?.

Dans leur compte-rendu global au wali, ses fidèles représentants ne manqueront pas de lui signaler que le maire, maintenu ou partant, a déclaré solennellement «qu'il n'a pas dilapidé les deniers publics».

De l'avis de notables avisés, l'administration de tutelle se trouve handicapée dans ses objectifs des développements communaux à cause des choix irréfléchis des partis dans l'élaboration de leurs listes qui occultent les profils de ceux censés veiller à l'utilisation rationnelle des deniers publics et capables de répondre aux attentes grandissantes de leurs populations.

Avec une composante partisane rapprochée (8 FLN, 6 RND, 6 El Mustaqbal, 5 FFS et 4 AHD54), le devenir du chef-lieu mérite mûre réflexion pour mettre fin au replâtrage que «seule l'installation circonstanciée «d'un directoire» pourrait éviter afin de voir cette grande commune consommer régulièrement ses crédits faramineux et pouvoir aspirer ainsi à un véritable décollage». Telle est l'opinion largement véhiculée depuis le début de cette «crise communale»?.