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Maghnia : Protestation de citoyens condamnés à des amendes pour contrebande

par Cheikh Guetbi

Arrivés de divers horizons, des dizaines de citoyens des 2 sexes, condamnés pour contrebande, ont initié hier devant l'inspection divisionnaire des douanes un mouvement de protestation pour contester la loi relative à la contrebande qu'ils estiment très excessive. « Pour 50 paires de chaussures que j'ai achetées à Maghnia j'ai été condamné à 3 mois de prison et à une amende de plus de 500 millions. Je suis chômeur, comment voulez-vous que je paie cette somme ?», lance ce jeune d'Oran qui tenait une banderole où est résumé l'objectif principal de ce singulier rassemblement, à savoir la grâce et l'annulation des amendes. « Tous ces dizaines de femmes et d'hommes sont des chefs de famille. Ces amendes que la loi a fixées à 10 fois la valeur de la marchandise saisie et le moyen de transport enveniment leur vie et celle des leurs», dira, outré, un autre protestataire de Beni Boussaïd. Et d'ajouter : « je transportais une machine à laver que j'ai achetée à Maghnia vers la région de Beni Boussaïd où j'habite. Malgré la facture, les douaniers me l'ont saisie et m'ont présenté à la justice qui m'a condamné à une amende de 64 millions ». Le cas de cet autre est encore plus grave. «J'ai fait 3 ans de prison. A ma sortie, la douane me réclame plus de 2 milliards qui représentent l'amende. Le législateur doit savoir qu'un chômeur qui se voit contraint d'acheter quelques pantalons, chaussures ou produits agricoles à Maghnia pour les revendre ailleurs ne peut jamais payer cette somme », lance ce quinquagénaire qui précise « malgré le fait que nous achetons la marchandise à Maghnia, on est condamné pour contrebande. Un contrebandier c'est celui qui est interpelé à la frontière en train d'introduire illicitement de la marchandise à partir du Maroc, pas nous qui achetons à l'intérieur du pays».

Les protestataires, très irrités, exhibent leurs documents sur lesquels sont portés des amendes qui atteignent les 3 milliards de centimes. Ainsi, voulant profiter de la conjoncture actuelle, ces citoyens qui disent se retrouver marginaux malgré eux, demandent tout simplement l'indulgence et l'annulation des amendes.