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Coordination pour le boycott de la présidentielle : Des «actions de rue» annoncées pour les 14 et 16 avril

par Zahir Mehdaoui

La coordination pour le boycott des élections présidentielles a décidé d'organiser des « actions de rue » entre le 14 et le 16 avril prochains au niveau des wilayas d'Oran, Chlef, Bechar, Ouargla, Constantine et Batna.

La décision a été prise hier au terme d'une réunion qui a regroupé les 5 partis de l'opposition (MSP, Djil Djadid, Ennahda, PJD, RCD), plus Ahmed Benbitour, au siège du MSP à Alger. Dans une déclaration lue devant la presse et signée par les six, la coordination a annoncé également son intention de consulter d'autres partis politiques et d'autres personnalités afin de les associer au projet de « transition démocratique, seule solution, estime la coordination, à même de sortir le pays de tous les dangers qui les guettent actuellement ».

Les chefs de partis politiques qui se sont succédé hier à la tribune étaient unanimes pour qualifier la situation qui prévaut en Algérie du fait du 4ème mandat d'extrêmement dangereuse. Le président de Djil Djadid, Sofiane Djilali, a qualifié hier de « 7 mercenaires » ceux qui mènent la campagne pour un 4ème mandat. « Est-ce que le peuple a besoin d'un président absent ? » s'est-il interrogé non sans avertir sur l'effondrement imminent de l'Etat du fait de ce coup de force du clan présidentiel. La question aujourd'hui, selon Sofiane Djilali, est de savoir qui va gouverner l'Algérie sachant que Bouteflika sera absent de la scène et ira sûrement se reposer et se soigner. Le président de Djil Djadid est catégorique : « les jeux sont déjà faits et les 7 mercenaires en charge de la campagne de Bouteflika ont juste besoin d'images à la télévision montrant des citoyens dans les bureaux de vote ».

Le président du RCD, Mohssen Bellabès, dira que sans cette « transition démocratique » prônée par la coordination, il sera difficile de redresser la barre d'ici 2 années. « On veut une entente nationale entre les partis avant d'aller vers une conférence nationale. Quand on parle de cette conférence, elle doit être composée des représentants de la société civile et de tous les partis politiques » a encore expliqué le président du RCD qui souligne que cette « transition démocratique » est une option pour passer d'un « régime totalitaire » à un « régime démocratique ».

Mohamed Douibi d'Ennahda dénonce pour sa part la campagne de dénigrement lancée contre les partisans du boycott en avertissant que chacun doit assumer ses responsabilités devant ce qui va se passer si la légitimé populaire est encore une fois bafouée.

Lakhdar Benkhelef, représentant le PJD de Abdallah Djaballah, appelle les autres candidats en lice à se retirer de la course aux présidentielles.

« Nous ne faisons confiance ni à l'administration ni dans le ministère de l'Intérieur ni dans le ministère de la Justice » a-t-il clamé en avertissant à son tour que la situation est dangereuse et que « nous allons directement vers l'inconnu ».

Le chef du MSP, Abderrazak Mokri, est allé encore plus loin en accusant le chef de l'Etat et ses partisans de rouler pour des parties étrangères. « La visite de John Kerry et de l'Emir du Qatar est la preuve irréfutable que le président et son clan ont vendu ce pays pour se maintenir au pouvoir ».

« Le régime s'appuie sur les forces étrangères. On nous a toujours accusés de vendre le pays alors que ce sont eux qui menacent l'Algérie et ce sont eux qui ont le pouvoir de vendre ce pays » a déclaré Abderrazak Mokri qui note que le plus grand danger vient des partisans du 4ème mandat.

Le chef du MSP rappellera à ce sujet que tous les régimes arabes avant de tomber étaient soutenus par l'Occident.

« Nous avons peur que l'Occident pousse davantage à la décomposition de l'Algérie pour maintenir un système qui se dirige inéluctablement vers le chaos entraînant avec lui le pays » dira M. Mokri qui plaide pour un Etat fort devant les puissances étrangères.

Enfin l'ancien chef du gouvernement, Ahmed Benbitour, parlera pour sa part du volet économique en soulignant que la production des hydrocarbures a connu une baisse de 25% depuis l'année 2006 alors que la demande interne en énergie ne cesse d'augmenter. « Nous allons vers l'explosion et la violence malheureusement est devenue le seul recours des citoyens pour régler les conflits », indique Benbitour qui ne cache pas à son tour ses craintes de voir notre pays basculer dans l'inconnu à l'occasion de cette présidentielle.