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Benflis à Béjaïa : Engagement pour officialiser tamazight

par Zahir Mehdaoui

Le candidat indépendant Ali Benflis a eu droit à un accueil triomphal à Béjaïa.La salle bleue (salle omnisports) du côté du siège de la wilaya avait du mal à contenir la foule venue de toutes les régions de la basse Kabylie pour assister au meeting de Ali Benflis. Ils étaient des milliers jeudi dernier à ne pas pouvoir accéder à l'intérieur de la salle qui a affiché comble dès les premières heures de la matinée.

Aucun incident ni débordement n'a eu lieu avant ou après le meeting du candidat qui a été accueilli dans une ambiance de liesse et de joie où se mêlaient à la fois chants et slogans en faveur du candidat qui était ému par tant de sympathie dans une région frondeuse qui a toujours été hostile au pouvoir.

Mais ce qui a touché le plus Ali Benflis c'est ce groupe de jeunes à la fin du meeting qui a invité le candidat à se balader seul sans avoir peur de quiconque. «Tu peux marcher seul, tu es en sécurité avec nous», criaient à tue-tête des dizaines de jeunes à l'adresse de Ali Benflis.

On est loin de l'ambiance délétère qui a régné lors de la visite du directeur de campagne de Bouteflika, Abdelmalek Sellal, la semaine dernière. Ali Benflis a eu droit à un véritable bain de foule. Tout le monde voulait voir de près le candidat pour le saluer ou échanger quelques propos avec lui.

Il faut savoir que Ali Benflis a, semble-t-il, charmé la foule lors de son meeting en s'engageant solennellement à officialiser la langue tamazight, l'une des revendications phares de la Kabylie depuis les années 1980, du temps du «printemps berbère».

En dépit de tous les combats menés dans la région, jamais la langue n'a été officialisée par les pouvoirs qui se sont succédé à la tête du pays. «Dans la nouvelle Algérie, chacun sera libre de vivre entièrement son amazighité. Il n'y a pas plus criminel que de renier sa culture et son identité», a-t-il martelé.

Benflis a ajouté que les habitants de Béjaïa sont des «géants». Tout le monde a bien évidemment compris dans la salle à qui faisait allusion Benflis. Dans la même salle, il y a de cela 15 années, l'actuel président et candidat à sa propre succession avait qualifié de «nains» les Kabyles quand un groupe de personnes brandissait à l'intérieur même de la salle des billets de banque. «De loin, je vous voyais des géants mais vous n'êtes que des nains», avait déclaré Bouteflika lors d'un meeting organisé dans cette salle en 1999.

La phrase du «candidat du consensus» en ce temps-là n'a jamais été oubliée par les habitants de la région. Une fois élu, Bouteflika n'a jamais posé les pieds dans cette wilaya en 15 années de règne alors qu'il a visité toute l'Algérie et rendu visite plusieurs fois aux mêmes wilayas, à l'image de Sétif, frontalière avec Béjaïa, la capitale des Hammadides n'a jamais connu de visite présidentielle ni d'enveloppe complémentaire comme c'est la coutume lors des déplacements du chef de l'Etat.

«Avec Ali Benflis c'est la levée de l'embargo sur la wilaya de Béjaïa », est-il écrit sur l'une des banderoles accrochées au-dessus de la tribune où s'exprimait l'ancien chef du gouvernement. Cela renseigne par ailleurs clairement sur l'état d'esprit des habitants de la région qui se sentent, à juste titre, délaissés et marginalisés pour cause d'absence de programme de développement durant les trois mandats du président sortant.

«La gestion des affaires de l'Etat ne se fait pas par la plaisanterie et les insultes. Si je suis élu président, je vais disqualifier ces gens», dira Benflis qui appelle à ne pas céder au chantage et à la peur. «Je n'ai aucune ambition personnelle, ni pour moi, ni pour ma famille», a-t-il encore déclaré avant de rendre hommage à la wilaya de Béjaïa qu'il qualifiera de «citadelle de la démocratie».

Ali Benflis a annoncé également un nouveau dégroupage administratif. S'il est élu à la magistrature suprême, Akbou, l'une des daïras les plus importantes de Béjaïa, située sur la vallée de la Soummam, sera élevée au rang de wilaya, a-t-il promis.