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Une marge étroite pour l’industrie algérienne

par Abed Charef

L’Algérie peut encore se lancer dans l’industrie automobile. Mais les choix sont restreints, affirme un ancien ministre de l’industrie.

Comment mettre un pied dans le difficile marché de l’industrie automobile ? Un ancien ministre, très critique envers la démarche adoptée avec l’usine Renault d’Oran, affirme que plusieurs démarches sont possibles. L’Algérie peut développer « une stratégie maghrébine», en entrant en partenariat avec les entreprises marocaines et tunisiennes, pour « aborder ensemble marchés, capitaux, et intégration». En ligne de mire, « une perspective d’ouverture africaine sur le produit bon marché». L’Algérie apporterait ce qu’elle possède : des capitaux, une petite expérience dans la fabrication d’engins et camions, une main d’œuvre formée, une énergie bon marché, et un marché.

Elle peut aussi se lancer dans la production de véhicules « très bon marché, d’au moins 30% inférieure» au produit Renault qui sortira de l’usine d’Oran, pour des caractéristiques similaires. Ce type de véhicule peut être produit Algérie, et distribué au Maghreb et en Afrique, en partenariat avec des Chinois, des Sud-Coréens ou des Indiens, qui connaissent bien ce créneau. Ces choix, palliatifs, peuvent être envisagés après l’abandon de l’option la plus prometteuse définie lors de l’ouverture du marché algérien, il y a vingt ans. Le deal proposé alors aux constructeurs automobiles était d’accéder au marché algérien, en contrepartie de la fabrication locale d’une partie des pièces pour leurs besoins. Beaucoup de constructeurs étaient disposés à jouer le jeu, pour avoir le droit d’entrer sur un marché en pleine expansion, encore contrôlé par l’Algérie.

Mais aujourd’hui, « la capacité de négociation de l’Algérie a fortement diminué», note un économiste, qui rappelle la phrase prononcée en mai 2012 sur le ton de la moquerie par l’ancien premier ministre Ahmed Ouyahia, encore en poste à ce moment-là : « il parait qu’il y a un projet» en négociation avec Renault».  Ahmed Ouyahia est revenu aux affaires, mais rien n’a changé. Ces choix que peut envisager l’Algérie ont un préalable : définir des choix économiques et industriels, et les assumer.