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Prévention du cancer : «Consulter un médecin au moins une fois par an»

par Mokhtaria Bensaâd

« Un diagnostic précoce permet une guérison systématique avec le moins de mutilations possible», a déclaré hier le Pr Kamel Bouzid du service d'oncologie médicale du centre Marie-Curie d'Alger au séminaire sur l'oncologie organisé à l'hôtel Sheraton. Encore confrontés au problème des malades du cancer qui arrivent chez le médecin à un stade très avancé, les médecins mènent actuellement une campagne pour sensibiliser la population sur la nécessité de faire des examens médicaux au moins une fois par an. «Il faut consulter le médecin au moins une fois par an. Après consultation, c'est lui qui demandera des examens de dépistage», a expliqué le Pr Bouzid qui recommande des consultations annuelles aussi bien pour les hommes que pour les femmes.

Sur l'évolution du cancer en Algérie, le chef de service d'oncologie médicale au centre Marie-Curie tire la sonnette d'alarme sur l'augmentation constante du nombre de nouveaux cas et sur le risque d'atteindre d'ici 5 ans les mêmes chiffres que les Européens et les Américains. L'évolution la plus édifiante est celle du cancer du sein qui représente en Algérie 80 cas pour 100.000 habitants. On n'est pas loin des chiffres européens et américains qui sont respectivement à 100 pour 100.000 et 120 pour 100.000.

En termes de prise en charge, le même professeur souligne que «beaucoup de choses ont été faites ces dernières années. La situation s'est nettement améliorée. On butte encore sur le problème de la radiothérapie». «Mais on garde espoir après les déclarations du ministre de la Santé qui s'est engagé à régler le problème afin de réduire les rendez-vous à des délais acceptables de 15 à un mois maximum», nous dira le Pr Bouzid.

Sur la nouveauté dans le traitement du cancer du sein, le Pr. Bouzid parle de la radiothérapie «per-opératoire» qui consiste à enlever la tumeur sans enlever le sein. Il a expliqué que «la radiothérapie per-opératoire évite d'enlever abusivement le sein. Le chirurgien fait son intervention. Il enlève la tumeur et, avant de refermer, on applique l'appareil de radiothérapie. Cela permet d'éviter d'enlever abusivement le sein. Actuellement, on fait 80% de mastectomie abusive alors que pour les tumeurs de moins de 3 cm, cela nécessite une tumorectomie. La femme préserve son image ainsi. On demande depuis cinq ans l'application de cette technologie en Algérie. Il semble que cette fois-ci, c'est la dernière ligne droite et on espère l'avoir cette année».

Quant au Pr Ahmed Bendib, chef de service sénologie au centre anti cancer Pierre et Marie Curie, il a insisté sur la nécessité d'assurer une formation de qualité aux paramédicaux et actualiser cette formation de façon périodique. Le programme de formation actuelle est dépassé, selon le chef de service et doit être revu pour répondre aux évolutions que connait actuellement la médecine. A notre époque, les 70% des étudiants avaient une qualité de formation, actuellement il y a peut-être 30 ou 40% seulement», dira-t-il.