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Benflis en grande offensive numérique

par Nejma Rondeleux

Pour sa campagne électorale aux présidentielles du 17 avril, Ali Benflis utilise pleinement le Web. De Facebook à Twitter, en passant par Youtube et un site internet, le principal opposant à Bouteflika a su construire un dispositif numérique réactif et offensif.

La conférence de presse d’annonce de sa candidature, le 19 janvier à l'hôtel Hilton d'Alger, avait donné le ton. Photos, vidéos, live sur les réseaux sociaux, les nouvelles technologies étaient bien présentes. Elles prenaient place dès le départ dans la stratégie de communication d’Ali Benflis. Difficile de faire autrement pour un candidat qui ne cesse de parler de la jeunesse, à laquelle il consacre une place de choix dans son programme et son staff de campagne. Internet se devait d’être un outil de combat dans cette bataille électorale 2014. Les jeunes soldats engagés au côté de l’ancien ministre de la Justice ont donc appris à manier les armes des réseaux sociaux en politique. Après avoir affûté sa stratégie pendant la pré-campagne, l’équipe digitale de Benflis est passée à l’offensive le 23 mars, jour du début officiel de la campagne présidentielle.

Premier champ d’attaque : la page officielle Facebook Ali Benflis. «Nous sommes passés de deux publications quotidienne à près d’une dizaine», informe le commandant de la page, Mohamed Mekhalis. «Aujourd’hui, par exemple, dimanche 30 mars, j’ai posté une revue de presse, un album photo du déplacement à Lakhroub près de Constantine, des messages de Benflis prononcés depuis Lakhroub, deux communiqués et deux vidéos». Résultat de cette hausse de publications, la page a enregistré 10.000 likes supplémentaires en une semaine, passant de 147.000 avant le 23 mars à 158.000 actuellement. «Et sans promotion», prend soin de préciser le M. Facebook de l’équipe Benflis, en référence à ce service du réseau social qui met en valeur la publication moyennant finances, utilisée, selon lui, par d’autres candidats, notamment Abdelaziz Bouteflika. Avec un plus grand nombre de fans, l’activité sur la page s’est accélérée : «On enregistre davantage de commentaires et de partages qu’avant le lancement officiel de la campagne, avec un pic d’interventions pendant le week-end, pouvant aller jusqu’à plus de 1000 likes et 200 partages», souligne Mohamed Mekhalis.

Force de frappe transfrontalière

Internet étant par essence sans frontière, l’influence d’Ali Benflis sur la Toile dépasse les frontières nationales. Plusieurs dizaines de pages Facebook dédiées au candidat malheureux en 2004 sont ainsi apparues sur le réseau social de Mark Zukerberg. Des villes, des pays, des catégories sociales, ont créé leurs pages, en anglais, en allemand, en français, etc., soutenant la candidature de l’ancien chef du gouvernement sous Bouteflika. Les militants les plus nombreux viennent du continent américain, notamment d’Amérique du Nord où la page «Comité de soutien en Amérique du Nord» dépasse les 216.000 likes, soit plus que le nombre de fans de la page officielle d’Ali Benflis. Avec 180, 818 fans enregistrés sur la page du comité de soutien des USA, 39.027 likes sur celle du Canada et près de 20.000 fans présents sur les pages des villes de New York et Chicago, l’artillerie communicationnelle d’Ali Benflis marche à plein régime outre-atlantique. Les discours, photographies et vidéos du candidat en campagne à travers l’Algérie y sont repris, publiés, partagés, démultipliant ainsi l’impact des messages d’Ali Benflis. Le soutien «virtuel» fonctionne aussi de l’autre côté de la Méditerranée : en France où la page «Ali Benflis président 2014 - comité soutien peuple Algérien de France» comptabilise 32,731 likes et en Grande-Bretagne où 28,577 personnes likes la page «UK Algerians for Ali Benflis for President 2014».

Bons points pour Youtube, peut mieux faire sur Twitter

Ali Benflis est, en revanche, invisible sur l’autre réseau social qu’est Twitter. Avec 153 tweets à son actif, le candidat assure une présence minimum, se contentant de publier quelques photos et phrases de ses discours lors des meetings dans les wilayas. Bien que quotidien, les tweets se limitent généralement à moins d’une dizaine par jour. Le principal rival d’Abdelaziz Bouteflika sous-exploite, par ailleurs, les atouts de Twitter en n’utilisant ni hashtag, ni live-tweet à savoir l’envoie de messages au moment où se déroule l’événement. Dans ces conditions, pas étonnant que le nombre de followers n’ait pas décollé et plafonne à 667 ; un chiffre ridiculement bas au regard des 158.000 fans sur la page Facebook officielle.  

S’il ne s’est pas emparé des gazouillis de l’oiseau bleu de Twitter pour clamer ses messages, Ali Benflis utilise, cependant, les vidéos pour diffuser ses idées.  Une jeune équipe dédiée au tournage et au montage de clips de campagne et discours de meetings a été mise en place au sein du quartier général situé dans le quartier de Ben Aknoun à Alger.  «Chaque jour, deux nouvelles vidéos de 40 secondes sont fabriquées en interne puis publiées sur le site internet et la page Facebook», décrit Mohamed Mekhalis.  «Et à la fin de la semaine l’équipe vidéo réalise un montage de 4 à 5 minutes de tous les déplacements effectués par M. Benflis au cours des sept jours». La chaîne Youtube du candidat totalise ainsi 117 vidéos postées depuis sa création fin octobre qui ont été vues 165.000 fois, annonce le webmaster Amine Bendjoudi en charge du développement du site internet Benflis2014. La fréquentation du tout nouveau site lancé le jour du début de la campagne est d’ailleurs en augmentation constante, passant de 1000 visites jour pendant la pré-campagne à 7000 actuellement, affirme le webmaster. Le virus Internet est en pleine propagation.