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Blida : Une campagne sans couleurs

par Tahar Mansour

Tout le monde s'attendait à des joutes oratoires, entre les six candidats à la présidence mais le désenchantement était de mise, même au courant de la deuxième et avant-dernière semaine de la campagne électorale.

En effet, et hormis les lieux fermés des meetings, rien ne laisse voir que l'avenir de l'Algérie se joue, actuellement, pour le choix de celui qui la guidera vers de meilleurs cieux. Dans les chefs-lieux de wilayas, il y a un semblant d'activité mais qui demeure, quand même, amateur, surtout que beaucoup de militants et sympathisants, de tel ou tel candidat, sont des jeunes sans expérience ou des opportunistes qui ne cherchent qu'à se placer, au cas où ? La wilaya de Blida ne déroge pas à la règle et, à part Blida, les autres villes ne laissent voir aucune activité liée à la campagne électorale et les panneaux destinés à recevoir les portraits des candidats demeurent, désespérément, vides avec, parfois, celui d'un seul candidat collé sur les emplacements des six ! Les permanences et bureaux des candidats, quand ils existent, demeurent vides et n'attirent que des badauds qui n'ont pas où aller et qui espèrent, on ne sait trop quoi. Dans les cafés, les discussions tournent, beaucoup plus, sur le football ou les évènements de Syrie que sur l'élection présidentielle et les rares personnes qui en discutent le font avec lassitude, visiblement blasées par tout ce qui s'est passé et par les déclarations des candidats qui frôlent, parfois, l'irréalisable. En outre, dans les salles destinées aux meetings et autres rassemblements, la foule se fait désirer. Même les candidats, ou leurs représentants, font campagne avec des promesses qui n'attirent personne ou qui sont presque farfelues, faisant ricaner les moins sceptiques. Les programmes proposés vont, tous, dans le même sens et les gens sont lassés d'entendre le même son, comme un leitmotiv qui revient, à chaque fois, sans que rien ne laisse voir le bout du tunnel.

Nous avons essayé de demander à plusieurs citoyens s'ils regardaient la télévision nationale (publique) pendant les heures de passage des candidats ou de leurs représentants mais la quasi-totalité nous ont regardé d'un drôle d'air, comme si nous avions proféré une insanité : «vous nous prenez pour des tarés ? Je n'ai vu qu'un seul orateur, tout à fait par hasard, pendant une minute, et je suis parti très loin car j'étais écœuré et je ne comprenais rien », « et vous, la regardez-vous ? Je suis sûr que non et si vous regardez pendant ces moments c'est que vous le faites pour une raison professionnelle», «non, monsieur, je ne saurais écouter ce qu'ils disent car, pour nous, gens du peuple, c'est un charabia incompréhensible et j'ai souvent l'impression qu'on se moque de nous », sont les réponses récoltées, çà et là, ce qui démontre un désintérêt général de la chose politique. Nous ne savons pas encore si la campagne va, réellement, démarrer les prochains jours mais nombreux sont ceux qui en doutent. «Vivement l'après - élection pour que l'administration reprenne ses activités, normalement», a lancé, en épilogue, un citoyen qui attend que la liste des bénéficiaires de logements sociaux soit affichée pour se sentir heureux !