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Commerce : Un arrêté pour les aliments et produits «halal»

par Yazid Alilat

Désormais, le commerce des produits Halal (conformes à la religion musulmane) sera réglementé en Algérie. Une réglementation qui vient après la prolifération depuis quelques années de «commerces halal» comme la boucherie fine, où certains produits dérivés de viandes rouges et de boissons. Un arrêté interministériel, englobant les secteurs de l'agriculture, du commerce, de la santé et de l'industrie, a été publié dans le JO n° 15 correspondant au 19 mars dernier. Cet arrêté interministériel du 15 Joumada El Oula 1435 correspondant au 17 mars 2014 portant adoption du règlement technique fixant les règles relatives aux denrées alimentaires «halal», définit ainsi les exigences réglementaires auxquelles doivent répondre les denrées alimentaires «halal» destinées à la consommation humaine. L'entrée en vigueur de cet arrêté est fixée à une année après sa publication, c'est à dire à partir du 19 mars 2015. D'abord, cette disposition sur le produit halal relève qu'il s'agit de «tout aliment dont la consommation est autorisée par la religion musulmane et répondant» notamment à des conditions draconiennes. Ces aliments, conformément à la charia, ne doivent «ni constituer, ni contenir des produits ou des matières non halal», et ne doivent pas également être préparés, transformés, transportés ou entreposés à l'aide d'instruments ou d'installations non-conformes aux dispositions de ce règlement. S'il s'agit d'un animal, qu'il soit abattu selon les préceptes de la religion musulmane relatifs à la Tadhiya, c'est à dire les conditions d'abattage (Dhabh, Nahr ou Aaqr) de l'animal qui, selon l'arrêté, peut-être «étourdi» pour en faciliter l'abattage selon la religion musulmane, à «condition que cela ne cause pas la mort de l'animal». Les aliments classés dès lors non «halal» par cet arrêté sont généralement «les denrées alimentaires provenant des animaux et des végétaux ainsi que les produits qui en dérivent et qui ne sont pas autorisés par la religion musulmane» (porcs et sangliers, animaux retrouvés morts, sang, ...). Pour la transformation de denrées alimentaires classées «halal», les exigences générales sont que «les produits et les ingrédients les composant ne contiennent aucune origine considérée «non halal», ainsi que pour son entreposage, sa transformation les équipements de production et de transformation ne doivent avoir été en contact avec des aliments ou produits «non halal». En outre, «les huiles utilisées dans la maintenance des machines et des dispositifs qui entrent en contact avec l'aliment, ne doivent contenir aucun ingrédient non halal». Pour les conditions de transformation, les aliments «halal» peuvent être préparés, transformés ou entreposés dans une section ou une chaîne différente dans le même local servant à la préparation d'un aliment «non halal», pourvu que des mesures appropriées soient prises pour prévenir tout contact entre les denrées alimentaires «halal» et «non halal». Un bon nettoyage permet aux instruments ayant été en contact avec des matières non «halal» pour fabriquer ou conditionner des aliments «halal», selon le même arrêté.

L'export, une niche potentielle

Pour les exigences commerciales, il faut que l'aliment «halal» soit sain et réponde aux conditions sanitaires, alors que pour l'emballage des produits «halal», celui-ci doit être composé de matériaux non «halal», ou fabriqués à partir d'éléments industriels «non halal», en plus d'une bonne hygiène des matériaux utilisés. Pour l'étiquetage, il est évident que seuls les denrées alimentaires et les produits «halal» doivent bénéficier de cette mention. Pour autant, la mention «halal» ne doit pas «être utilisée d'une façon qu'elle puisse susciter des doutes sur la sécurité d'emploi ou laisser entendre que les aliments «halal» ont une valeur nutritionnelle supérieure ou sont meilleurs pour la santé que d'autres aliments», avertit le même arrêté interministériel sur les produits «halal». L'arrivée de cet arrêté interministériel pour réglementer le marché des produits «halal» en Algérie devrait donner plus de visibilité à certains industriels qui se sont spécialisés dans ce créneau, notamment pour l'exportation. Mais également pour la consommation locale, puisque des boucheries de quartiers, à Alger, Oran ou Blida par exemple, mettent bien en évidence sur leurs vitrines «viande halal». Plus globalement, le marché mondial du «halal», en pleine expansion avec un chiffre d'affaires de 500 milliards de dollars en 2013, dont plus de 5 milliards de dollars rien que pour le marché français. Les industriels algériens, qui avaient un moment déploré l'absence d'une réglementation spécifique à cette filière pour se placer sur le marché international, ont dès lors les coudées franches. Il reste à mettre en place les organismes de certification pour mettre le produit «halal» made in Algeria en conformité avec les exigences du marché international.