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La santé, parent pauvre de la campagne électorale

par Yazid Alilat

La santé, sa réforme ou la mise en place d'une nouvelle politique sanitaire plus en rapport avec les enjeux actuels sont les parents pauvres des programmes électoraux des six candidats en course pour la présidentielle du mois d'avril prochain.

C'est en tout cas la conclusion que tire le Dr. Bekkat Mohamed Berkani, président du Conseil de l'ordre des médecins, invité hier lundi à la radio nationale. La santé «n'est pas assez abordée» par les candidats à cette élection présidentielle, estime t-il. «La santé n'est pas tellement abordée par les candidats, les Algériens attendent une évolution globale concernant ce secteur, a t-il dit, avant d'ajouter que «les candidats doivent présenter des plans exhaustifs pour rassurer les Algériens sur les dispositions à venir, de quoi sera faite la santé demain». «La politique de santé doit obéir à une stratégie globale, autant sur le plan curatif et que préventif. Il y a les insuffisances à combler, l'adhésion des gens de la santé à cette politique, pour solutionner l'imbroglio actuel dans le système de santé nationale, a-t-il précisé estimant que cette campagne électorale ne donne pas assez à cette révision du secteur de la santé en Algérie. Les débats (de cette campagne électorale) doivent aborder selon lui «les solutions aux problèmes de santé, comme les maladies chroniques qui font des ravages au sein de la population». Et puis «comment éviter l'émergence des maladies chroniques qui menacent les Algériens, comment mettre en place une vraie politique de santé préventive ?», s'interroge-t-il avant d'expliquer qu'«il faut que les candidats puissent privilégier une feuille de route pour la santé, trouver les mécanismes à même de nous préserver contre les affections». «Il faut des solutions globales que les Algériens attendent», affirme t-il, rappelant qu'il y a en Algérie 40.000 cas de cancer par an. «Il faut tout revoir, notamment pour la prévention des maladies, et il faut s'attaquer en priorité aux maladies chroniques dont le cancer et le diabète qui touche quatre millions d'Algériens», relève le Dr Berkani. Il préconise, par ailleurs, une prise en charge globale des malades dont ceux atteints de cancer et de diabète, mais également les autres affections chroniques dont les maladies des enfants.« Il faut maintenant faire une prévention, des campagnes de dépistage pour ces deux maladies.

Pour le reste, il faut prendre en charge les gens qui recherchent une chimiothérapie ou une radiothérapie», dit-il avant de reconnaître que «les gens souffrent, il faut les prendre en charge rapidement».

SUPPRIMER LES LOIS SCELERATES

«Tous les médicaments du monde ne feront pas ce que fait la prévention», affirme encore le Dr Bekkat. Et puis, il reconnaît que «les Algériens se plaignent du manque de prise en charge, notamment les cancéreux et diabétiques». «Ils n'ont plus confiance» dans le système de santé actuel, estime le Dr. Bekkat qui préconise «le retour de la confiance du citoyen dans le système de santé nationale publique'». «Ce n'est pas de gaieté de cœur que les Algériens vont vers les structures publiques comme les CHU», reconnaît-il pour schématiser les nombreux dysfonctionnements constatés dans la prise en charge des malades dans les structures sanitaires publiques dont les hôpitaux. «Il faut que le médecin soit à disposition du malade. Pour rétablir cette confiance qui nous manque beaucoup, il faut faire beaucoup de chose à ce niveau et redonner espoir aux malades», préconise t-il avant de suggérer qu'il faut «trouver un système de santé qui réponde aux besoins des malades, des Algériens». La débandade dans le secteur de la santé actuellement est «le résultat d'une errance du système, qui a erré longtemps au milieu d'une crise multidimensionnelle». Pour autant, il s'est «inscrit en faux contre l'allégation qui veut que les médecins algériens sont incompétents. (...) ils ont grosso modo une bonne formation pour prendre en charge leurs compatriotes». Bref, pour le président du Conseil de l'ordre des médecins, la situation actuelle du secteur de la santé mérite une révision complète, une réforme pour «trouver des solutions globales, car dit-il, il faut décentraliser le système de santé nationale par rapport aux mouvements de population, par rapport à l'arrivée sur le marché de l'emploi des médecins pour les recruter immédiatement», et éviter le système «soviétique sur lequel se base la Fonction publique» pour leur recrutement. Et puis 6-7% du PIB pour le secteur de la santé est insuffisant, d'autant que la réforme complète du secteur dont la construction d'hôpitaux modernes avec héliports est plus que nécessaire. Enfin, il estime que la sécurité sociale doit faire partie du ministère de la Santé pour mieux organiser les remboursements, les frais médicaux, (...) et «supprimer les lois scélérates qui ont coulé le système de santé publique».