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Kerry tente de sauver ce qu'il peut de son plan de paix

par Kharroubi Habib

De Paris où il a rencontré dimanche son homologue russe Sergueï Lavrov avec lequel il s'est entretenu d'un possible plan de sortie de la crise ukrainienne, le secrétaire d'Etat américain John Kerry s'est à la surprise générale envolé en direction du Proche-Orient. D'où il est vrai ont émané ces dernières heures tant du côté officiel palestinien qu'israélien des déclarations annonçant un arrêt définitif avant terme du processus de négociations de paix dont John Kerry fut le besogneux relanceur en juillet dernier.

Le retour de Kerry au Proche-Orient est donc l'ultime tentative qu'il a décidé de faire pour dissuader les deux parties de quitter la table des négociations au moins pas avant la fin avril, terme qu'il avait fixé au round engagé avec l'espoir qu'entre-temps des avancées dans leurs pourparlers les inciteraient à convenir d'aller au-delà. En fait d'avancées auxquelles il a pensé contribuer en proposant un plan américain censé ménager les intérêts nationaux de l'un et l'autre protagoniste, les négociations entamées depuis juillet n'ont fait apparaître que celle qui permet maintenant à la communauté internationale et à ses opinions publiques d'incomber en toute impartialité aux Israéliens l'échec renouvelé du processus de négociations de paix.

Peut-on d'ailleurs parler de négociations quand la partie israélienne s'est refusée à faire les gestes qui lui ont été demandés en tant que preuve qu'elle est réellement disposée à un accord de paix menant à la création au côté d'Israël d'un Etat palestinien ? Gestes qui n'ont pas été demandés par l'Autorité palestinienne seulement mais par les Etats-Unis eux-mêmes et l'ensemble de la communauté internationale. Un refus qui s'est accompagné d'exigences de la part de l'Etat sioniste posées par lui comme préalables à accepter par les Palestiniens faute de quoi un accord de paix palestino-israélien en serait inenvisageable. Ce qui revenait en somme pour les Palestiniens à se déclarer consentants à passer sous les fourches caudines de cet Etat et à se satisfaire au mieux d'un Etat national dont l'ennemi sioniste en aura déterminé les contours de l'illusoire souveraineté.

Arrogant, habitué à ce que la communauté internationale s'incline devant ses diktats, l'Etat sioniste a non seulement sabordé le processus des négociations de paix, mais il veut encore obtenir d'elle la dénonciation de l'Autorité palestinienne en tant que responsable de son échec. Sauf qu'il a dépassé la borne pourtant lointaine que cette communauté internationale lui a fixée à ne pas dépasser pour conserver sa compréhension ou ses appuis. Il en résulte qu'en la dépassant avec un cynisme sans égal, jamais l'Etat sioniste n'a eu à faire face à des condamnations aussi fortes que celles dont il est l'objet y compris de la part de ses alliés traditionnels et inconditionnels. Mais avec cet Etat les condamnations ne suffisent pas. Ce qu'il faudrait, c'est qu'elles s'accompagnent de sanctions dissuasives.

Ce à quoi les sociétés civiles occidentales ont convenu puisqu'elles prônent l'isolement et le boycott de cet Etat. Le mouvement lancé pour être encore limité n'en effraye pas moins les dirigeants israéliens qui ont actionné l'appareil de propagande pro-sioniste pour qu'il contre sa progression en le présentant comme l'initiative de l'internationale des antisémites. Les Palestiniens et tous les amis de leur cause nationale doivent faire en sorte que ce mouvement s'amplifie de telle sorte que les gouvernants des Etats où il se manifestera devront tenir compte de ce pourquoi il a été lancé : obliger Israël à reconnaître les droits du peuple palestinien et à accepter la création de son Etat national.