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Une dirigeante du FCE veut des quotas pour faciliter aux femmes la création d’entreprises

par Aïssa Bouziane

Les femmes représentent moins de vingt pour cent de la population active, mais à peine huit pour cent des chefs d’entreprises. Une politique des quotas est nécessaire pour porter ce chiffre à 30-40 pour cent, déclare une dirigeante du Forum des chefs d’entreprise (FCE).

Mme Nacéra Haddad, Membre du conseil exécutif du FCE, appelle le gouvernement à mettre en place des dispositifs particuliers, y compris des quotas, pour favoriser l’entrée des femmes dans le monde de l’entreprise. Le gouvernement doit «mettre en place des facilités pour arriver à 30-40% d’entrepreneurs femmes dans les quatre à cinq années à venir». A l’heure actuelle, elles ne sont que 8%, a-t-elle déclaré au cours d’une émission de radio. Pourtant, les filles sont passées devant en matière de scolarité et de formation. Selon Mme Haddad, 70% des diplômés de l’enseignement et 55% des diplômés de centres de formation professionnelle sont des filles, mais cela ne se répercute pas mécaniquement sur le terrain économique. En cause, un climat «d’adversité» difficile à surmonter. Les femmes représentent 17.6% de la population active fin 2013. Elles étaient 15.3% en 2012, selon l’ONS. Elle reconnait que le gouvernement a mis en place des «dispositifs très généreux» pour faciliter la création d’entreprises, mais ces mécanismes «n’aident pas les femmes». Elle plaide donc pour l’établissement de quotas. «Il faut une politique des quotas», dit-elle. Pour elle, «ce qui a été fait pour les députés peut être reconduit» dans le monde des affaires. «Le salariat n’est pas une fatalité pour les femmes», et l’Algérie doit en faire «des agents économiques à part entière». Argument original, Mme Haddad affirme même que les femmes sont moins sujettes à la corruption.

ADVERSITE

Mme Haddad déplore qu’à cause d’un environnement difficile, marqué par «l’adversité», les femmes «ne réussissent pas à la hauteur des attentes». L’Algérie est nettement au-dessus de la moyenne pour ce qui concerne les efforts dans le domaine de la formation. De plus, en Algérie, les femmes sont «en pole position en matière d’études, de formation professionnelle, mais elles ne se retrouvent pas en position favorable dans l’accès à l’entreprenariat, et même dans l’accès au travail». Pour Mme Haddad, «il faut corriger»des distorsions, d’autant plus que l’Algérie a un taux d’activité parmi les plus bas de la Méditerranée. «Ce n’est pas normal, compte tenu des potentialités du pays» et des efforts en matière de scolarité et de formation, affirme Mme Haddad.

MEMES DIFFICULTES POUR TOUS

Mais de manière plus générale, Mme Haddad reconnait aussi que les difficultés ne concernent pas que les femmes, mais tous les acteurs économiques. En tête des griefs du patronat, l’incapacité du gouvernement à faire appliquer ses propres décisions. Les chefs d’entreprises sont «frustrés par la difficulté de mettre en application les politiques publiques prises au plus haut niveau, concernant le climat des affaires, la promotion de l’investissement», dit-elle. «Il y a des mesures très fortes» décidées par le gouvernement, mais «leur application fait défaut», ajoute-t-elle, montrant du doigt l’administration économique, «souvent en décalage par rapport aux responsables politiques, qui peuvent comprendre très bien préoccupations entreprises». Elle souhaite que le gouvernement mette en œuvre «un mode opératoire» qui «valorise l’ingénierie» et fasse appel à «l’intelligence dans la décision». A défaut, les entreprises sont contraintes de subir les évènements, sans avoir la latitude d’influer sur le cours des choses. Elle n’hésite pas à réclamer des «sanctions» au sein de l’administration pour y remédier, et invite le gouvernement à «prendre le temps nécessaire à la concertation» pour trouver des solutions concrètes.