Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Jalma, jalmal !

par Oussama Nadjib

Ja Lma noudh t3amar ! L’eau est venu, réveille-toi pour remplir. La chanson parodique à succès n’est plus tout à fait d’actualité aujourd’hui dans toute l’Algérie.  Il y a des algériens qui ont l’eau H24, d’autres sont moins bien lotis, mais on vraiment très loin du grand stress de 2002 où envisageait d’utiliser des tankers pour importer de l’eau. 40 milliards de dollars plus tard, les choses vont mieux et la chanson de Souilah n’est plus valable partout. L’eau est donc là. On la gaspille même un peu trop et comme on n’utilise pas les prix comme variable d’ajustement, on continue à gaspiller. Mais les Algériens qui sont connus pour leur persiflage ont déjà détourné la chanson. Ja Lmal, cela veut dire, le fric arrive. Le virement a été fait. Tout va bien comme ça. On ne fait pas de politique – le pouvoir a tellement travaillé à convaincre les Algériens qu’elle est la source de la «fitna» qu’il a réussi – mais on demande sa «part» de la rente. Et pourtant, une tradition établie et reconnue dans le monde islamique fait de la «fitna de l’argent» le principal risque pour la communauté. Pas la politique qui est un intérêt pour la chose commune. Mais, c’est clair, l’argent fait de la politique. Sans s’en cacher parfois en attendant un retour sur investissement… Et le gré à gré, ce mode d’attribution des marchés qui a fait les scandales de Sonatrach, est ouvertement envisagé comme moyen de canaliser la «demande vers l'entreprise nationale» afin d’éviter de «se retrouver avec un parc industriel aux capacités économiques importantes mais oisives et inutilisées". C’est dit par un ministre en pleine campagne électorale ! Et beaucoup d’Algériens qui n’en pensent pas moins et qui ont vu les fausses contorsions du FCE pour finalement dire «oui» à Bouteflika4, y ont vu une promesse de rétribution. Ja Lmal, (l’argent) pour les camarades patrons qui ont fait le bon choix. Et en attendant, l’argent est bien là, dans les réserves de change, et il a même augmenté par un «effet de valorisation» lié à la fluctuation entre le dollar et l’euro. Mais ceux qui regardent un peu loin disent que c’est fragile, qu’il suffira que les prix baissent et qu’on exporte moins durant quelques années pour que lma cesse de venir et Lmachakal affluent. Mais qui pense à demain ? Aujourd’hui, l’eau est là, on se contente de la boire. Al Youma Khamroun Wa Ghadan Amroun, disait Omrou El-Kaïs. Et il n’était pas le meilleur des conseillers même s’il avait une poésie très buvable !