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TLEMCEN: L'université et la résistance au changement

par Khaled Boumediene



Quelle démarche qualité pour améliorer la gouvernance dans l'université algérienne ? Le professeur Allal Mohamed Amine, responsable assurance qualité à l'université «Abou-Bekr Belkaïd» de Tlemcen, rencontré en marge du colloque sur le partenariat universitaire algéro-canadien, qui s'est tenu (les 24, 25 et 26 février) à la faculté de médecine de Tlemcen, nous répond.

« Il faut faire une analyse de l'institution universitaire algérienne, légitimer la nécessité de l'évolution des modes de gouvernance dans l'université algérienne, montrer que le socle d'une meilleure gouvernance est la mise en œuvre d'un système de management de qualité. L'université est un système complexe, conjuguant des faits, des acteurs et des objets. De plus, elle est animée de différentes combinaisons de processus qui obéissent à des règles déterminées. Ce système s'articule autour de quatre grands axes : premièrement, l'enseignement avec ses programmes et cursus pédagogique et didactique, évaluations, organisation et conduite des enseignants, soutien aux étudiants, prestations des services centraux.

Deuxièmement, la recherche et ses stratégies de développement, collaborations scientifiques, stratégie pour la relève, communication et valorisation des résultats, prestations des services centraux. Troisièmement, les ressources et ses stratégies de développement, ressources financières et matérielles, prestations des services centraux. Quatrièmement, la gouvernance et sa stratégie globale, pilotage de la recherche et de l'enseignement, organisation structurelle, processus de décision, relations rectorat/doyenneté et enseignants, stratégie de communication, structures consultatives ».

Et d'ajouter : « Il faut identifier toutes les forces et faiblesses de l'université algérienne (Swot Analysis), qui touchent aux mesures d'aides aux étudiants (bourse, hébergement, restauration, etc.), études gratuites (sélection au mérite, pas de sélection par l'argent), mesures de promotion de la relève (magisters, corps enseignant jeune et dynamique, et surtout pas de discriminations formelles envers les femmes). Des lignes directrices pour améliorer la qualité de la gouvernance à l'université doivent toucher toute l'administration, rectorat, doyennetés (ISO 9001) et laboratoires de recherche (ISO 9001, ISO 17025, référentiel national). L'impact de la mise en place d'une démarche qualité doit motiver et impliquer tous les personnels, améliorer l'organisation, instaurer une qualité du produit/service ».

Selon notre interlocuteur, l'implémentation d'outils et de référentiels pour la qualité s'avère être un défi majeur pour l'université algérienne, défi dont elle doit nécessairement sortir vainqueur. Ceci dit, la mise en œuvre et la garantie de la qualité relèvent en premier lieu de la gouvernance de l'institution au niveau local, régional et national. « A l'université de Tlemcen, il nous a semblé judicieux de commencer par mettre en place les exigences du référentiel national édité par la CIAQES dans le domaine de la gouvernance ». S'agissant des difficultés rencontrées, M. Allal a surtout abordé les questions de résistance au changement, l'insuffisance de personnel qui fait que les pilotes de processus ne sont pas toujours disponibles, l'engagement tiède de certains responsables, l'administration travaille et répond à l'urgence et ne fonctionne pas en mode projet, le manque de moyens et l'absence d'institutionnalisation de la cellule qualité. A noter que l'Algérie compte aujourd'hui 90 établissements (universités, centres universitaires et grandes écoles) répartis à travers les 48 wilayas du pays. De nombreuses universités algériennes font partie des plus grandes universités arabes, africaines et mondiales autant par le nombre de leurs étudiants que par leurs réalisations. Le nombre d'étudiants qui est aujourd'hui d'un million trois cent mille, devrait dépasser un million et demi en 2015 et atteindre probablement deux millions et demi en 2025.