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Toxicomanie: Campagne dans les établissements éducatifs

par A. Mallem

La cellule d'écoute des toxicomanes, mise en place en juin 2012 à l'intérieur du centre médicosocial de la sûreté à Sidi Mabrouk, n'a accueilli que 3 toxicomanes en l'espace de 9 mois, a avoué le lieutenant Zemouli, officier chargé de la communication à la sûreté de wilaya de Constantine. Ajoutant dans ce sens qu'il a été décidé de transférer cette structure au niveau du boulevard Zighoud Youcef, toujours sans noter une bousculade à ses portes.

Dans le même temps, cet officier de police a révélé que les différents services de la sûreté de wilaya ont saisi une quantité de 24 kilos de drogue et 13.182 comprimés de psychotropes durant le premier semestre 2013. Ces informations ont été communiquées à la conférence de presse organisée jeudi par la Fédération nationale de lutte contre la drogue et la toxicomanie (FNLDT), dont le siège se trouve à Constantine, à l'occasion du lancement de sa campagne de sensibilisation annuelle de lutte contre ces fléaux au sein des établissements éducatifs (CEM, lycées et centres de formation professionnelle), ainsi que dans les quartiers populaires par l'intermédiaire des mosquées.

Le coup d'envoi de cette campagne a été donné à partir du CEM Amar Dridi de la cité des Martyrs, dans le secteur de Boudraa Salah en présence de représentants de la FNLDT, de la direction de l'éducation, de la sûreté de wilaya, de la direction des affaires religieuses. Pourquoi ce quartier ? « Parce qu'une récente étude faite par la fédération, a révélé de son côté le Dr Abdallah Benarab, président de la FNLDT, a montré que ce quartier populaire pauvre compte de nombreux toxicomanes. Des jeunes laissés pour compte par le milieu familial qui deviennent à la longue des toxicomanes, puis, par nécessité économique, des dealers qui vont se livrer à la commercialisation de la drogue parmi les jeunes du quartier ». Le Dr Benarab est convaincu que la lutte contre la drogue et la toxicomanie doit passer d'abord par la lutte contre le tabagisme. Et pour appuyer cette idée, il a expliqué que le cannabis a la préférence de 90% des jeunes toxicomanes algériens qui sont actuellement au nombre de 300.000 selon des chiffres avancés par l'Office national de lutte contre la drogue, a-t-il indiqué. Ceci parce que cette drogue qui se présente sous forme de poudre et qui ne peut donc être consommée seule, est mêlée au tabac ordinaire. « Et c'est pourquoi, a estimé le conférencier, il nous faut parallèlement s'attaquer au tabagisme ». Et d'annoncer que cette année, l'action qui sera lancée par la FNLDT dans la wilaya de Constantine touchera les 32 établissements et centres de formation que compte la wilaya. Et elle se déroulera parallèlement dans les 24 wilayas par les associations locales affiliées à la FNLDT. Dans ce cadre, les centres de formation seront plus particulièrement ciblés parce que ces établissements de formation qui accueillent généralement des jeunes qui n'ont pas réussi leur scolarité normale sont connus pour être des terreaux de propagation de la drogue et des stupéfiants. « A ce propos, dira le Dr Benarab, il a été démontré que 83% des toxicomanes sont des jeunes qui ont échoué dans leur cursus scolaire ».

Enfin, à une question sur la répression sécuritaire dans le milieu des consommateurs de drogue, le Dr Benarab a signalé que « le programme national de la lutte contre ce phénomène a été rectifié en janvier 2013 ». Parce que, dira-t-il, les institutions, étatiques et non étatiques, engagées dans la lutte ont enfin compris que « la répression n'est pas la solution et qu'il faut absolument privilégier le côté préventif et la sensibilisation ». « Nous à la FNLDT nous ne sommes pas d'accord avec le principe de l'injonction à obliger le toxicomane à aller se soigner car cette méthode a démontré ses limites dans les pays qui l'ont utilisée et qui ont fini par l'abandonner parce qu'elle n'a pas donné de résultats probants, ceci du fait qu'on ne peut jamais obliger un toxicomane à aller se soigner s'il n'a pas envie de le faire lui-même », a-t-il été souligné. Et c'est à partir de ce constat-là que la sensibilisation et la prévention doivent être soutenues et renforcées. Aussi il a annoncé que d'ici la fin de l'année 2013, « la FNLDT comptera une trentaine de wilayas grâce à l'adhésion de plusieurs associations qui sera entérinée par l'assemblée générale de la fédération qui se tiendra fin décembre ».