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Une nouvelle extension prévue au marché de gros d'El-Kerma: Vers le lancement d'un centre de tri des déchets verts

par Houari Saaïdia

Le marché de gros des produits agricoles frais (fruits et légumes), premier jalon du pôle agroalimentaire en devenir, implanté à El-Kerma (anciennement Camp du Figuier puis Valmy), à l'entrée est d'Oran, veut se moderniser encore davantage. Après l'afficheur électronique de la mercuriale, la télésurveillance, l'éclairage photovoltaïque, l'entreprise gestionnaire du marché d'El-Kerma veut mettre en place une station de nettoyage, tri et conditionnement des légumes, une unité de récupération des déchets verts, ainsi qu'un centre international et un espace vert. C'est sans doute le deuxième projet, celui visant la valorisation des résidus végétaux générés par l'activité, qui incarne le plus l'esprit novateur avec lequel l'on veut projeter cette structure, devenue déjà un site « pilote » à l'échelle nationale, dans le circuit des marchés de gros.

Il est d'abord utile de savoir que les déchets verts pèsent lourdement dans le poids des ordures générées par les halles centrales de fruits et légumes. Installer une station de traitement interne de ces bio-déchets, en vue de leur vente pour des usines de recyclage, cela veut dire : économiser, au bas mot, quelque 300.000 DA par mois, frais de la prestation de collecte assurée par des concessionnaires. Entre autres effets « collatéraux » positifs d'un tel projet : une meilleure propreté et état de salubrité du marché grâce à une prime spéciale qui sera octroyée aux ouvriers, proportionnelle au poids ramassé. En d'autres termes, cette rémunération va transformer le travail de ramassage des ordures d'une sorte de « corvée » à une activité bien lucrative, à même de créer un esprit de compétition entre les agents.

Les déchets verts seront revalorisés, en fin de parcours, dans l'industrie de l'aliment à bétail et les engrais et autres fertilisants organiques, notamment. Pour ce faire, l'EPIC de gestion du marché compte mettre en place une unité de compostage. En compostant les déchets organiques, on diminue les coûts du transport et du traitement. Pour l'usager, le compost constitue un amendement naturel et gratuit qui remplace avantag eusement les engrais chimiques. Le compostage transforme la matière organique en humus par un processus biologique, en présence d'air, dû à l'action des bactéries, champignons, insectes... le compost obtenu restitue au sol la matière organique et les éléments nutritifs nécessaires à la croissance des plantes.

Par ailleurs, concernant le projet d'extension du marché de gros de fruits et légumes, un cahier des charges vient d'être élaboré et sera soumis prochainement pour approbation au conseil d'administration de l'EPIC, présidé par le SG de la wilaya. L'étude, confiée à un BET espagnol «Blauvard Construction de Habitats», prévoit la réalisation de deux nouveaux hangars plus spacieux, de superficie de 100 à 150 m², contenant 18 box chacun, d'un troisième de 150 m² et de 12 box, ainsi que 5 nouvelles chambres froides de 270 à 400 m² de superficie chacune, et ce pour augmenter la capacité de conditionnement à froid à 48 chambres, soit un total de 12.000 mètres cubes à terme. Dans un autre registre, et dans la perspective de l'ambitieux projet d'exportation des produits agricoles frais vers l'Europe, notamment la France et l'Espagne, à partir du marché de gros de fruits et légumes d'El-Kerma, l'EPIC va soumettre au wali une étude d'avant-projet, a-t-on appris de même source. Ceci alors que de nouveaux opérateurs étrangers viennent de manifester leur intérêt auprès de l'EPIC pour l'approvisionnement à partir de ce marché. Rappelons à ce propos que trois opérateurs dans l'import-export de produits agricoles frais basés à Valence (Espagne), Montpellier et Paris (France) ont déjà effectué des visites de prospection au marché de gros de fruits et légumes d'El-Kerma et ont pris contact avec sa direction, auprès de laquelle ils ont exprimé leur vif intérêt pour l'exportation vers leurs pays de tous les produits agricoles algériens, dont la qualité «bio» est très convoitée sur le marché international, selon leur témoignage, en raison notamment de «la virginité» de la terre algérienne et la trop faible utilisation, voire l'inutilisation, des composants chimiques et autres fertilisants artificiels dans le processus de production. Parmi les opérateurs étrangers qui se sont particulièrement intéressés aux produits mis en vente dans les halles centrales d'El-Kerma, un grand distributeur activant dans le marché international de Rungis, qui constitue le marché central de Paris destiné à alimenter les professionnels de toute la région, considéré également comme le plus grand marché de produits frais au monde.