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Sellal devant la société civile de Béjaïa : «Aidez-nous à vous aider»

par Notre Envoyé Spécial Z. Mehdaoui

« On est venu avec un groupe de ministres importants pour évoquer l'avenir de cette wilaya», avait lancé d'emblée le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, devant la «société civile» de la wilaya de Béjaïa dans la soirée de samedi, à l'issue de sa visite d'inspection.

Cette visite, la première d'un responsable de ce rang depuis une vingtaine d'années, est en fait, une sorte «d'acte de réconciliation» entre le pouvoir central et cette «wilaya frondeuse» qui a accusé un retard énorme en matière de développement en dépit de toutes ses potentialités, agricoles et touristiques notamment.

D'ailleurs ses deux «potentialités» ont été énumérées à plusieurs reprises par le Premier ministre lorsque les représentants de cette société civile, qui étaient en fait des élus, des représentants d'associations et des patrons d'entreprises, ont exposé le «marasme» dans lequel vit la région depuis plus d'une dizaine d'années.

Même si Sellal répondait toujours avec l'humour que tout le monde lui connaît, il n'en demeure pas moins qu'il faut reconnaître en la personne du Premier ministre son «franc-parler». «Il faut arrêter cette rancœur» lance le Premier ministre quand quelqu'un dans la salle avait déclaré que la wilaya de Béjaïa était devenue un «bourg» et une région abandonnée par le pouvoir central. « Le lancement des travaux de la pénétrante qui vous reliera à l'autoroute Est-Ouest est un précompte de ce qui va être désormais réalisé dans cette wilaya historique», ajoute Sellal qui précise que les instructions émanent du chef de l'Etat, Abdelaziz Bouteflika. «Vous n'êtes pas venus du vent ou de la planète mars», poursuit Sellal qui rappellera des pans de l'histoire de la région qui a séduit, dit-il, Ibn Khaldoun, El Idrissi, Ibn Batouta, Sidi Boumediene qui avait élu domicile dans la capitale des Hammadites.

Pour Sellal, l'heure n'est plus aux «lamentations» mais au développement car la pénétrante va sûrement enclencher une nouvelle dynamique, de la croissance et de nouveaux emplois.

«Aidez nous à vous aider», lâche Sellal qui reconnaît toutefois que cette wilaya est victime de la «bureaucratie locale» qui a bloqué son évolution et son développement.

«Béjaïa a un avenir prometteur et possède de grandes potentialités. Les pouvoirs publics ne ménageront aucun effort pour soutenir le développement dans cette région, conformément à l'instruction du président de la République, Abdelaziz Bouteflika», souligne Sellal pour qui cette wilaya a les moyens d'être pionnière notamment dans le secteur de l'agroalimentaire en sus, dit-il, de sa vocation touristique et agricole.

Selon le Premier ministre, Béjaïa peut également se développer sur le plan économique et industriel pour peu que les industriels de la région y mettent aussi des efforts de leur coté.

Quand la parole a été donnée à l'assistance, une queue s'est formée. Les représentants de la «société civile» voulaient tous intervenir. Tout le monde revendiquait qui une salle de sport, qui une cantine, qui une route mais la quasi-totalité dénonçait la bureaucratie et l'incompétence aussi bien des élus que des autorités locales.

Dans ses réponses, le Premier ministre a appelé solennellement les habitants de Béjaïa à aider les pouvoirs publics dans la réalisation de tous les projets en rappelant au passage que la région possède les moyens, les hommes et les intellectuels nécessaires.

Le Premier ministre a même annoncé pour la première fois que la wilaya de Béjaïa est devenue une région pétrolière. Même s'il n'a pas donné de précisions sur le sujet, il semblerait clairement qu'un gisement aurait été découvert dans la région, ce qui va sûrement créer une grande dynamique et des emplois.

Même si la réunion avec la société civile a été écourtée et a fini sur un «goût d'inachevé» après l'annonce de l'hospitalisation du chef de l'Etat, il n'en demeure pas moins que la rencontre a été l'occasion de crever l'abcès entre d'un coté le pouvoir central et une wilaya animée depuis des années par un sentiment d'abandon.



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