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Familles des disparus : «Nous sommes interdits de sortie du territoire national»

par G. O.

C'est une déclaration de Hassan Ferhati, membre de SOS disparus, qui revenait hier des frontières algéro-tunisiennes où il a été bloqué près de 34h avant d'être définitivement refoulé. Il n'était pas seul à l'être. «Nous étions 96 personnes entre membres des familles des disparus, militants de droits de l'homme, syndicalistes, chômeurs, nous devions participer au Forum social mondial qui se tient à Tunis, nous étions deux bus à avoir démarré d'Alger, dimanche dernier à 17h, pour arriver à Tébessa, à la frontière Elouine, à 3h du matin, nous sommes restés là-bas à attendre de passer les frontières vers la Tunisie, mais on nous l'a refusé», nous a-t-il déclaré hier à son arrivée à l'aéroport d'Alger. Il a dénoncé les mauvaises conditions dans lesquelles les 96 personnes avaient attendu durant de longues heures. «Nous étions dans des conditions précaires, manque de sanitaire, froid glacial, manque de la moindre commodité comme un lieu pour prendre un café, les agents de sécurité au niveau du poste frontalier nous ont mal reçu, ils étaient qui en claquettes, qui cigarette à la bouche et nous parlaient en même temps, c'est désolant», estime Ferhati. Notre interlocuteur affirme ne pas comprendre cet acharnement des services de sécurité à empêcher les militants de droits de l'homme à sortir du territoire national. «Ils n'ont aucun droit de nous empêcher de renter en Tunisie, ils nous ont juste dit que nous sommes interdits de sortie du territoire national, mais de quel droit et pour quelle raison ?» interroge-t-il. Il fait part, cependant, que «5 des représentants des familles des disparus sont déjà à Tunis, et ils exposeront la question des disparitions forcées sans nul doute». Une centaine d'autres membres de la société civile algérienne ont atteint Tunis par air. «Nous avons ainsi de nombreux amis qui vont exposer nos cas, le pouvoir ne pourra rien faire contre ça !» s'exclame Ferhati. L'on s'attend à ce que tous les militants qui attendent aux frontières algéro-tunisiennes, s'ils ne peuvent pas passer la frontière vers la Tunisie, décident de mener des actions de protestation contre cette interdiction qui bafoue encore une fois les libertés en Algérie.