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Notre supplément TIC avec la collaboration de «MAGHREB EMERGENT» : La méfiance absolue du hacker face à l'Empire

par Farid Farah



Peut-on donner raison à Julian Assange, cet ancien pirate informatique Australien qui a plongé les Etats-Unis, première puissance mondiale, dans une paranoïa IT, en 2010, au lendemain de la mise en ligne de milliers de documents concernant la politique étrangère américaine ? Selon lui, le réseau Internet est la plus formidable machine à espionner jamais créée. Il a en effet dénoncé dans un livre publié la semaine dernière l'acharnement des autorités américaines sur son activité web créée autour de son site WikiLeaks. Mandat d'arrêt sur sa personne, attaques DDoS, fermeture de sites, pressions sur les hébergeurs? Tous les instruments que les pays totalitaires utilisent pour faire échouer le projet de l'e-démocratie. Si on approuve l'intégralité du contenu de l'ouvrage, très polémique, de Julian Assange, on finira alors par admettre que les Etats-Unis, pays «locomotive» du «train» de la vie numérique, devient l'équivalent de la Corée du Nord dans l'espace numérique. Même si l'auteur va trop loin dans ses critiques envers l'administration américaine, il n'a pas tort s'inquiéter par rapport au statu quo constaté dans la transition vers le monde numérique. La migration totale vers l'IP6 demeure biaisée par la méfiance de la Chine et des pays de l'Europe à l'égard de la centralisation aux USA des serveurs les plus consultés par les internautes. «Il y a Facebook, qui est complètement centralisé. Twitter est complètement centralisé. Google est complètement centralisé. Tout se trouve aux États-Unis ; tout est à la merci de celui qui contrôle la force de coercition. Exactement comme la censure qui a commencé lorsque WikiLeaks a publié Cablegate et qu'Amazon a supprimé notre site de ses serveurs» écrit Assange. Il me semble que Julian Assange ne s'est pas débarrassé de son «costume de Hacker» pendant la rédaction de son livre. Il exprime sa méfiance et ses craintes à l'égard du Cloud Computing, unique technologie qui permet de réunir des milliers de serveurs en un seul endroit. Pour lui, l'informatique dans les nuages facilite le travail des points de surveillance électronique de la NSA. De plus, la majorité de ses recommandations tournent, en fait, autour de l'idée de l'absence de toute garantie dans le contrôle des accès aux réseaux informatiques. Cependant, Assange n'a proposé aucune alternative à la centralisation des serveurs et surtout aucune solution de traitement au phénomène de la démultiplication de l'information dans l'espace numérique.