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Les «bons points» contre la déperdition scolaire

par A. Mallem

Lors d'une exposition qu'elle a faite, jeudi à Constantine, dans les locaux de l'association An Nour sur le thème de la déperdition scolaire et ses conséquences, une ancienne enseignante constantinoise, qui se passionne pour la recherche dans le domaine de l'éducation, a déclaré avoir mis au point un projet de lutte contre ce phénomène, projet qu'elle a présenté dans un exposé succinct, donné en marge de la manifestation. Samia Benazzouz, c'est d'elle qu'il s'agit, a présenté aussi une dizaine de travaux, des livres, des fascicules et de guides qu'elle a réalisés sur ce thème en expliquant qu'elle s'est, bien entendu, inspirée de sa longue expérience pédagogique dans l'enseignement primaire et secondaire. Dans ce sillage, elle a plaidé pour une application de la méthode d'encouragement. «Loin d'être anodine, la méthode des «Bons Points» est de nature à maintenir l'élève menacé par la déperdition scolaire le plus longtemps possible à l'école», a-t-elle spécifié. La carte mise au point est basée sur le principe du bon point, dont la condition d'attribution est tributaire de la conduite de l'élève à l'école et dans son environnement éducatif et culturel en général. La méthode qui mérite d'être prise en considération est destinée aussi à donner à l'élève en difficulté un moyen pour s'exprimer et pouvoir agir pour se construire et pour construire. «Il suffit seulement de mettre cela concrètement à l'école. Mais depuis trois ans, mon projet stagne parce que je ne trouve pas assez d'écoute, et ce malgré les nombreuses démarches que j'ai faites auprès des responsables du secteur. Ces derniers m'ont répondu qu'à titre individuel, ils ne peuvent pas me suivre et m'ont conseillé de travailler par le biais des associations. Mais moi, je désire être directement en contact avec les écoles, les CEM et les lycées tout en demeurant convaincue que lutter contre la déperdition scolaire, c'est lutter aussi contre l'analphabétisme, la dépravation et la violence dans les terreaux où ils peuvent naître et se développer».

 En lui demandant si elle possède des chiffres ou des statistiques sur ce phénomène, notre interlocutrice a répondu tout d'abord qu'elle ne dispose pas de données officielles sur l'ampleur de la déperdition scolaire au niveau local, et elle s'est appuyée sur les données recueillies à l'échelle du pays, en rappelant les enquêtes réalisées il y a trois ans par des organismes nationaux. Aussi, citant le Centre de recherche en économie appliquée, CENEA, elle a indiqué que cet organisme étatique avait signalé, en 2009, que 400.000 élèves du primaire et du secondaire sont annuellement exclus du système scolaire. D'autre part, les statistiques données par le Centre national des études appliquées (CENEAD) montrent que, au cours de la même période, 30% des élèves du primaire fuient l'école à cause des programmes surchargés, 50% d'entre eux, âgés entre 11 et 14 ans, rencontrent des difficultés de concentration et que plus de 60% des élèves de plus de 14 ans quittent l'école pour des problèmes avec leurs enseignants. Ce disant, la conférencière s'est appliquée à donner des explications succinctes sur les objectifs principaux de son projet et sur les conditions d'attribution de la carte. Elle conclura sur ce sujet en disant que l'écoute, l'orientation, l'accompagnement, la médiation et la solidarité représentent le meilleur traitement à la détresse de l'enfant et de sa famille.