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OUARGLA SANS LA REPRESSION PAVLOVIENNE

par M.Saadoune

Le pire n'est jamais sûr. Et dans le cas de la manifestation des chômeurs organisée à Ouargla, ce qui était le plus à craindre n'est pas un débordement des manifestants mais l'attitude du pouvoir. Les semaines qui ont précédé la manifestation de protestation ont été marquées par l'escalade d'un discours inquiétant émanant du pouvoir et de ses organisations. Le CNDDC (Comité national pour la défense des droits des chômeurs) a campé bien malgré lui le statut de «groupuscule» louche servant des « intérêts étrangers» œuvrant à la déstabilisation du pays et menaçant son unité. On ne s'est privé d'aucun excès. Même un parti présumé ouvriériste y est allé de son couplet accusateur dévoyant tristement l'anti-impérialisme en le rendant conforme à la caricature qu'en donnent les médias de l'Empire.

 Les voilà donc ces contestataires accusés de mettre en œuvre un «agenda international» et de chercher à «frapper la stabilité du pays» et «à semer les germes de la division entre le Nord et le Sud». Le discours émanant du pouvoir et de ses périphéries y compris «oppositionnelle» était bien le plus inquiétant. Il laissait entrevoir la réponse la moins lucide qui soit, celle qui consiste à faire un traitement policier d'un problème social. La manifestation a été une réussite que ce soit en termes d'organisation ou par son pacifisme. Cela ne surprend que ceux qui sont engoncés dans leur logomachie du «complot ourdi». Pour ceux qui travaillent et visitent le sud du pays, rien dans les revendications des chômeurs n'a le parfum de la surprise. Ce sont des vieilles demandes exprimées pendant longtemps par les canaux imposés par le régime et qui se sont avérés totalement défaillants. Elles s'expriment aujourd'hui hors de ces cadres officiels sourds avec la vigueur d'une jeunesse qui estime scandaleux qu'on leur fasse des leçons de patriotisme parce qu'ils revendiquent des droits élémentaires qu'officiellement on reconnaît comme «légitimes».

 LA MANIFESTATION D'OUARGLA N'ETAIT PAS UN TEST DE LA POPULARITE DE LA COORDINATION DES CHOMEURS, ELLE EST DEVENUE, PAR LA CAUSE D'UN DISCOURS ACCUSATEUR AVEUGLE, UN DEFI A LEUR VOLONTE D'EXISTER, D'ETRE ET DE S'EXPRIMER. LES ATTAQUES COMMINATOIRES CONTRE LES CHOMEURS ET LEURS ASSOCIATIONS EXPRIMENT CLAIREMENT UN REGIME FIGE QUI N'ADMET PAS QUE DES GENS S'ORGANISENT ET REVENDIQUENT. C'EST CETTE VISION ETRIQUEE QUI REGARDE LE PAYS ET LA SOCIETE AVEC DES ?ILLERES EXCLUSIVEMENT POLICIERES QUI EST DEVENUE UN DANGER. LE MOUVEMENT DES CHOMEURS S'EXPRIME DANS LA VISIBILITE. IL FAIT PARTIE D'UN MOUVEMENT CONSTAMMENT BRIME DE LA SOCIETE POUR LE DROIT A L'EXPRESSION ET A L'ORGANISATION LIBRE. LE SUCCES DU MOUVEMENT DES CHOMEURS A OUARGLA, JEUDI, SERVIRA D'EXEMPLE A CEUX QUI SE BATTENT POUR AVOIR DROIT DE CITE DANS LEUR PAYS. ET POUR QUE LES DROITS INSCRITS DANS LA CONSTITUTION SOIENT «EFFECTIVEMENT» EXERCES SANS QU'ON ACCUSE LES ALGERIENS D'INTELLIGENCE AVEC LES ENNEMIS. A OUARGLA, C'EST LA REPRESSION PAVLOVIENNE DU POUVOIR QUI ETAIT TESTEE. ELLE N'A PAS EU LIEU. TANT MIEUX. CAR, ON LE SAIT, LE SEUL RISQUE DANS CETTE MANIFESTATION NE VENAIT PAS DES CHOMEURS, MAIS D'UNE REACTION AVEUGLE DU POUVOIR.