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Une commission pour déterminer le prix du pain

par Moncef Wafi

Le gouvernement Sellal veut en finir avec la crise du pain et les menaces itératives des boulangers de baisser rideau pour faire valoir leurs revendications.

 Une commission d'enquête, installée mercredi dernier, au ministère du Commerce devra, à partir de la semaine prochaine, entamer une inspection au niveau national pour évaluer le coût réel de la baguette de pain. Elle aura pour principaux interlocuteurs les boulangers des différentes régions du pays et assistera aux différentes étapes de la préparation de cette baguette qui n'en finit plus de stresser le citoyen depuis quelques mois déjà. Cette commission mixte est composée notamment d'un représentant des ministères du Commerce, des Finances, de l'Union nationale des boulangers (UNB), affiliée à l'UGCAA, de l'Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC) et du groupe industriel Eriad (Entreprise des industries alimentaires, céréalières et dérivés). L'Etat, à travers les résultats de cette enquête, cherche les moyens pour contenter les revendications des boulangers, sans pour autant augmenter le prix de la baguette de pain proposé au consommateur, a déclaré, à l'APS, le directeur général de la Régulation et de l'organisation des Activités au ministère du Commerce, Abdelaziz Ait Abderrahmane.

 Un tarif qui reste inchangé depuis 1996, fixé à 7,5 DA pour le pain ordinaire et l'amélioré à 8,5 DA. Une mercuriale qui reste, pourtant, du domaine de la théorie puisque les consommateurs se plaignent toujours et du poids du pain et de sa qualité, alors que beaucoup de points de vente le cèdent à 10 DA et plus.

 Pour leur part, les boulangers, à travers l'UNB, revendiquent principalement une nouvelle marge bénéficiaire estimée à 15% sur le prix de revient du pain, tout en affirmant ne pas vouloir une hausse du prix de la baguette. Cependant, la réalité sur le terrain est tout autre puisqu'on assiste à une augmentation du prix de la baguette de pain, de fait, imposée en aval chez les revendeurs de pain qui s'approvisionnent généralement chez ces mêmes boulangers.

 Début mars, une grève soudaine des boulangers de Constantine a provoqué une pénurie de pain dans toute la wilaya pour exiger qu'une nouvelle tarification soit appliquée. Les boulangers veulent passer en force obligeant le gouvernement à revoir à la hausse leur marge bénéficiaire, sous peine de voir le pain taxé à 10 DA ou de débrayage mettant à mal le consommateur.

 A Constantine, les boulangers qui sont passés à la nouvelle tarification, décidée en interne, depuis le 1er mars, la baguette passant de 7,5 à 10 DA, ont voulu par cette grève sauvage soutenir 5 de leurs collègues sanctionnés par la direction locale du Commerce pour avoir affiché les nouveaux prix. Les boulangers constantinois ont notamment exigé que la nouvelle tarification, appliquée, selon eux, dans la plupart des wilayas du pays, touche aussi leur wilaya et ont menacé de poursuivre leur grève jusqu'à satisfaction de leurs revendications. La grève a été, en fin de compte, arrêtée après la levée des sanctions et les boulangers ont repris le travail. La baguette, elle, se vend désormais à 10 DA. A Oran, ce sont quelque 200 artisans boulangers de la région-ouest qui se sont regroupés dernièrement pour débattre de leur situation socioprofessionnelle et en appeler au ministère de tutelle sur la nécessité de revoir à 12 DA le prix de la baguette de pain.

 «Compte tenu de l'augmentation des prix des intrants, des matières premières et de l'énergie, nous pensons qu'il est, aujourd'hui, du devoir des responsables concernés de se pencher sur notre situation», avait affirmé Faouzi Dahiche, président de l'Association des boulangers d'Oran, affiliée à l'Union des associations des commerçants et artisans d'Oran (Uacao).

 Les autres griefs évoqués par les boulangers dénoncent les «conditions contraignantes» pour accéder aux crédits bancaires, avec un taux de remboursement fixé à 7% par la Banque de développement rural (Badr), en plus de l'obligation qui leur est faite d'acquérir un groupe électrogène auprès d'un fournisseur, désigné d'office par la Badr et les frais de l'étude du dossier de financement qui s'élèvent à 10.000 DA.

 Les participants à cette rencontre régionale ont suggéré la formation professionnelle des boulangers, l'abattement de 50% de la facture de l'énergie, leur représentativité au sein des commissions de la DCP et d'attribution des points de vente du pain.