Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Cherif Rahmani à Blida : Comment relancer l'industrie ?

par Tahar Mansour

Relancer l'industrie algérienne en consommant national est l'atout majeur de la bataille que mène M. Cherif Rahmani, ministre de l'Industrie, de la PME et de la Promotion de l'investissement, qui a réuni avant-hier jeudi à Blida, les responsables des treize wilayas du centre de son secteur de la région ainsi que les représentants des industriels, de l'UGTA et de la société civile afin de clôturer les rencontres régionales sur l'industrie qui se sont tenues dans les trois autres régions du pays.

Un taux de croissance de la production industrielle qui ne dépasse pas les 0,8% et ne représentant qu'à peine 5% du PIB, a poussé à s'investir complètement dans ce chantier afin de relancer l'industrie algérienne et lui faire retrouver ses lettres de noblesse qu'elle a perdues depuis environ trois décennies comme l'a souligné le ministre : «l'Algérie a une histoire industrielle conséquente, mais nous avons failli quelque part et il est donc impératif de relancer l'économie de base pour préserver l'avenir de la génération future». Il préconise donc de relancer l'industrie en urgence avant l'an 2020, date à laquelle l'accord avec l'UE entrera en vigueur et nos entreprises nationales ne pourront pas tenir alors plus que quelques semaines devant la compétivité des PME européennes.

C'est en présence du patron de l'UGTA Sidi Saïd, des responsables du patronat, de l'expert en économie Abdelmalek Serrai, des PDG de la BADR et du CPA ainsi que du wali de Blida que le ministre de l'Industrie a tenté, lors de cette quatrième et dernière rencontre avec les industriels, de collecter le maximum de propositions à même de faire redémarrer le moteur de l'économie nationale en relançant l'industrie qui reste jusqu'à présent très frileuse. «Il n'existe pas d'industrie condamnée mais il y a des entreprises qui ne se transforment pas et qui n'innovent pas, donc celui qui n'avance pas, recule», a affirmé M. Cherif Rahmani qui rappelle qu'il n'y a pas de développement industriel sans les PME. Il avoue aussi que l'Algérie n'a qu'une industrie bas de gamme et que «l'industrie d'hier n'est pas celle d'aujourd'hui qui s'est tournée résolument vers la haute technologie, la robotique. Il faut que notre tissu industriel ait un cap et un référent pour qu'il soit performant» a-t-il en outre souligné. L'élaboration sérieuse d'un programme pour la relance de l'industrie doit dépasser les susceptibilités et les différends futiles entre les opérateurs économiques et les pouvoirs publics. Pour le ministre, la démarche de relance de l'industrie nationale est pragmatique car « il n'y a pas d'idéologie, il n'y a pas de tabou, notre doctrine demeure l'intérêt national. Nous n'avons de complexe ni à gauche ni à droite, nous aiderons toutes les entreprises qui veulent se transformer et moderniser leur outil de production pour se lancer dans la production, la sous-traitance, l'importation et permettre ainsi à l'Algérie de sortir de sa dépendance vis-à-vis de l'extérieur ». Mais M. Chérif Rahmani pointe du doigt les PME qui ne veulent toujours pas se transformer par une mise à niveau opérée par des spécialistes, bien qu'une enveloppe de 3,5 milliards de dollars ait été dégagée pour cela.

Il annonce alors qu'il a déjà instruit les responsables de l'agence chargée de la promotion des PME d'aller vers les entreprises pour recueillir les dossiers de mise à niveau car : « il est inconcevable que sur 15.000 PME il n'y ait que moins de 800 qui ont déposé leurs demandes de mise à niveau » a-t-il déclaré. De son côté, le SG de l'UGTA, M. Abdelmadjid Sidi-Saïd a affirmé qu'il n'y a aucun clivage politique ou idéologique au sein du syndicat qu'il dirige car, a-t-il affirmé : «nous avons un but commun national : celui de la relance de l'industrie». Enfin, au cours du débat qui a suivi les différentes interventions, les représentants des industriels ont mis en exergue les difficultés rencontrées pour le lancement des investissements, comme l'acquisition des assiettes de terrain, la lourdeur de l'administration qui tarde à donner des réponses, certaines lois qui sont devenues obsolètes ou qui ne reflètent pas la réalité, ainsi que la concurrence déloyale des importateurs et l'informel. Mais il paraît qu'une volonté commune existe de la part de tous les partenaires pour trouver les solutions à tout ce qui bloque une vraie relance de l'industrie algérienne qui demeure toujours à la traîne.