L'une des priorités du gouvernement Sellal est de combler le retard pris
dans la réalisation des logements inclus dans le programme quinquennal initié
par la présidence de l'Etat. Et dans cette optique, Abdelmadjid Tebboune, le
ministre de l'Habitat et de l'Urbanisme, multiplie les contacts avec les
professionnels du secteur pour accélérer la mise en place des projets et
atteindre les objectifs tracés d'ici 2014. Après la rencontre, la semaine
dernière, avec les entreprises privées et publiques activant dans le secteur du
BTPH, le ministre s'est réuni ce jeudi avec les directeurs des Offices de
promotion et de gestion immobilière (OPGI). L'enjeu est de booster les cadres
de son département à redoubler d'efforts pour concrétiser un programme à la traîne,
conséquence de la gestion du dernier gouvernement en place, dit-on. Ainsi, la
presse a révélé que sur un programme budgétisé de réalisation de 1,2 million de
logements, 80.000 unités ont été mises en chantier alors que quelques dizaines
de milliers de logements seulement ont été réalisés par des entreprises
nationales et chinoises. Pour les entreprises nationales, on s'inquiète de
leurs capacités de réalisation puisque, selon le ministre, le nombre de ces
entreprises ayant les capacités de réalisation d'importants programmes de
logements est très minime. D'après lui, il existe seulement 9 entreprises de
catégorie neuf, 25 de catégorie huit, 37 de catégorie sept, 99 de catégorie six
et 305 de catégorie cinq. Le reste du parc immobilier est classé dans les catégories
2, 3 et 4. «Au total, nous avons 492 entreprises sur 32.371 entreprises
algériennes de BTPH dont 5.500 opérant dans le bâtiment», détaillera-t-il.
Quant aux Chinois, on leur reproche les délais trop longs et une qualité
discutable. M. Tebboune, dans sa course contre la montre, avait déjà exhorté la
société de construction chinoise (CSCEC), chargée de la réalisation de
plusieurs programmes de logements en Algérie, à respecter les délais et la
qualité de réalisation, références faites au retard enregistré dans la
réalisation d'infrastructures et de groupements d'habitations relevant de
l'AADL, notamment ceux inscrits dans la wilaya d'Alger. En marge de sa
rencontre avec les directeurs des OPGI, le ministre a déclaré que cette année
est une année charnière qui doit enregistrer le lancement des travaux de
réalisation de 650.000 logements et en réceptionner au moins 200.000 «pour
respecter le fractionnement du programme quinquennal en années». Ainsi, et
selon la comptabilité ministérielle, à la fin 2013, on prévoit d'atteindre un
taux de réalisation de 80% du programme alors que les 20% restants seront
réalisés en 2014. Profitant de cette occasion, le ministre de l'Habitat et de
l'Urbanisme a mis l'accent sur la nécessité de lancer dans les plus brefs délais
les projets déjà ficelés pour pouvoir atteindre les objectifs tracés.
S'adressant aux directeurs des OPGI, il les incitera à régler en urgence les
problèmes qu'ils peuvent rencontrer comme celui du foncier, améliorer leur
gestion et sélectionner des entreprises performantes capables de respecter les
délais impartis. La hantise de M. Tebboune reste ces retards systématiques
enregistrés pour chaque projet. Quant aux litiges rencontrés, il annoncera la
création prochaine d'une direction du contentieux au niveau du ministère qui
devra intervenir pour appliquer la réglementation et régler les conflits que
les OPGI n'arrivent pas à résoudre, pour peu que ces derniers saisissent leur
tutelle. En termes de solution aux retards enregistrés dans la réalisation des
logements programmés, M. Tebboune avait affirmé que 35 mesures ont été prises
durant les quatre derniers mois allant dans ce sens. Ces mesures consistent en
la modification des décrets, des arrêtés ministériels, des arrêtés
interministériels, des codes des marchés publics, des dispositions des cahiers
des charges favorisant le mieux-disant et autres afin de corriger des
incohérences constatées et lever les blocages soulevés par les opérateurs du
secteur. Il a soulevé le problème de «la lenteur de la cadence de réalisation
de logements» qui fait que «les programmes lancés au début des années 2000 sont
encore en souffrance», occasionnant ainsi un retard énorme dans l'opération de
distribution de logements aux citoyens. Le ministre a rappelé que la capacité nationale
de réalisation est estimée à 80.000 logements annuellement et que l'objectif
tracé par son département est d'atteindre 120.000 à 140.000 logements d'ici la
fin de l'année en cours pour pouvoir satisfaire une demande estimée à 350.000
par an. Il a précisé qu'il reste encore 246.000 logements à réaliser dans le
cadre du programme quinquennal outre les programmes confiés aux entreprises
étrangères.