Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Constantine : Les magistrats de l'Est en conclave

par A. Zerzouri

Continuant sur la lancée de l'assemblée générale des magistrats de la région du centre du pays, tenue samedi au siège de la cour d'Alger, M. Djamel Aïdouni, président du Conseil supérieur (CSM) de la magistrature, devrait rencontrer aujourd'hui au siège de la cour de Constantine ses pairs de l'est du territoire national.

Pour rappel, la dernière assemblée générale a fait sortir de leur réserve «traditionnelle» les magistrats, qui ont à l'occasion dénoncé ouvertement les critiques faites à leur encontre par deux avocats lors d'une récente émission télévisée sur «Canal Algérie», ainsi que les propos «jugés» malsains de Farouk Ksentini, président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'homme (CNCPPDH), qui avait à maintes reprises souligné l'abus des juges en matière de recours à la détention préventive.

Ce dernier ainsi que les avocats qui ont participé à l'émission télévisée en question ont été vertement critiqués par le président du CSM, qui a ce jour-là lancé une invitation à Ksentini pour «une confrontation télévisuelle et lui dire les quatre vérités en face». La montée au créneau des magistrats doit stimuler l'imagination des analystes et autres observateurs de la scène nationale. Car, ce n'est pas tous les jours qu'on les voit porter leur colère sur la place publique. Des magistrats laissent libre cours à leur malaise et parlent aujourd'hui «d'humiliation tant par leur tutelle que par les avocats». L'un des membres du CSM dira dans ce contexte que «les magistrats sont des citoyens à part entière qui ont des défauts comme ils ont des qualités, mais personne n'a le droit de les humilier, de leur porter préjudice et atteinte».

En tout cas, les magistrats en veulent clairement à la chancellerie qui s'est distinguée par son «indifférence» lors de ces tirs croisés contre les magistrats. Bien évidemment, la situation socioprofessionnelle est au cœur des débats et des préoccupations. Mais, la conjoncture politique, aussi, a son empreinte sur cette fébrilité qui s'est emparée des magistrats. Dans une déclaration lors de la dernière AG des magistrats, le représentant d'Alger a allègrement dépassé les problèmes d'ordre socioprofessionnel, allant à l'essentiel (peut-être) de ce qui fait bouger les juges, en l'occurrence «la problématique de l'indépendance de la justice». Il rappellera à ce propos que «le juge ne peut revendiquer cette indépendance s'il ne jouit pas d'une forte personnalité tant dans son comportement que dans l'exercice de sa fonction. Le juge a le droit de se tromper. C'est un humain. Mais ce même juge doit exercer pleinement son métier en n'obéissant qu'à sa conscience et à la loi qui régit sa profession», affirmera-t-il. Quand on sait qu'une nouvelle Constitution est en gestation, on peut aisément conclure que les magistrats veulent assurer le maximum pour leur indépendance.