Après un premier
travail de diagnostic réalisé par l'Unité de recherche sur les systèmes de
dénomination en Algérie (RASYD), et qui a pris comme échantillon les rues de
l'agglomération d'Oran, il a été décidé d'aller vers un exercice pratique qui
va constituer une opération pilote visant la normalisation toponymique au
niveau du quartier de l'USTO à Oran-Est. L'annonce a été faite ce jeudi par le
wali d'Oran, M. Abdelmalek Boudiaf, à l'occasion de la clôture des travaux du
colloque sur «la toponymie et l'anthroponymie en Algérie : politiques et
pratiques, 50 ans après l'indépendance» organisé, deux jours durant, par le
Centre de recherche en anthropologie sociale et culturelle (CRASC) et RASYD. Le
chef de l'exécutif a par ailleurs précisé qu'«une équipe pluridisciplinaire
sera bientôt constituée pour mettre en œuvre cette opération». Il est à
souligner que les autorités locales disposent actuellement d'un rapport
détaillé sur la situation de la toponymie à Oran grâce à l'enquête de
diagnostic réalisée par une équipe d'une vingtaine de chercheurs, sur les rues
de l'agglomération d'Oran. Parmi les conclusions majeures de cette enquête, qui
a nécessité, selon Mme Remaoune, directrice du CRASC, «plus de huit mois
d'identification, de comparaison et d'analyse, les deux tiers des rues de
l'agglomération d'Oran ne sont pas nommées». Il a également été constaté «un
décalage entre la dénomination officielle des rues et les appellations
utilisées par les citoyens pour désigner ces même rues» La non-uniformité des formes
et des couleurs des plaques de rues s'ajoute à cette «anarchie générale» qui
caractérise la toponymie aussi bien à Oran que dans toute l'Algérie, souligne
encore l'enquête. L'opération pilote qui sera lancée prochainement dans la zone
de l'USTO et qui jouit du soutien des autorités locales porte ainsi l'ambition
de corriger toutes ces défaillances. Selon le wali, «cette initiative évolue
actuellement au stade du choix des plaques toponymiques et de l'association des
partenaires parmi le secteur industriel et celui de la formation
professionnelle». Pour ce qui est de la généralisation de cette action aux
autres sites de la wilaya, «elle sera menée de manière progressive et sans
précipitation, car il s'agit d'une opération importante qui ne donne pas droit
à l'erreur», a encore souligné le chef de l'exécutif.
On ne manquera pas
de noter par ailleurs, qu'à l'issue de leurs travaux, les participants au
colloque sur la toponymie et l'anthroponymie en Algérie, tenu au siège du CRASC
du 20 au 21 février en cours, sont sortis avec 3 recommandations : «L'accès à
l'information onomastique», «La mise en place d'une autorité sous l'égide du
ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales qui sera chargée de la
toponymie en Algérie», une recommandation qui date pourtant de 2007, et enfin
«La création d'une Société Nationale de l'Onomastique (SNO)».