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Une année qui s'en va

par Moncef Wafi

Que retenir des feuilles tombantes de l'arbre 2012 et quelles sont les dates cruciales à inscrire au mur d'un monde qui tourne déjà une page de son calendrier millénaire ?

Les événements se sont bousculés au portillon de l'Histoire, sans pour autant ne laisser qu'une indicible empreinte bientôt recouverte par le temps qui jette son ombre sur des faits vite tombés dans le grenier de l'oubli. Des dates, des géographies mais aussi des hommes qui ont essayé de faire de cette année une halte dans le cours de l'histoire. Déjà la fin du monde n'a pas été au menu de cette année, mais ailleurs, dans le monde il y a eu comme un vent d'Armageddon qui a soufflé sur certains points du globe.

Comme frappés par la fatalité de la violence, des pays arabes et musulmans fêtent le nouvel an dans le sang et les larmes. Proche de chez nous, le Mali a vu son nord « mangé » par une revendication séparatrice des Touaregs avant de tomber dans l'escarcelle des groupes armés affiliés à la mouvance djihadiste. Des sigles y ont vu le jour au même moment qu'un putsch militaire avait pour théâtre Bamako, la capitale. Le conflit nord malien, ça ne vous rappelle rien, a été au centre de l'intérêt du monde civilisé et le Conseil de sécurité de l'ONU, sous l'impulsion persistante de Paris, a décidé d'une intervention militaire aux portes sud de l'Algérie. Alger qui ne veut pas d'une guerre sous ses fenêtres a redoublé d'efforts diplomatiques pour trouver une solution toute malienne au conflit au nord. Non loin de là, le président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz a été blessé, victime d'un tir « ami » selon la version officielle locale et à Benghazi, l'ambassadeur américain en Libye a été tué en réaction, dit-on, à un « torchon » jugé blasphématoire contre le prophète de l'Islam.

En Egypte, l'arrivée au pouvoir du « frérot » Morsi fait oublier le procès de Moubarak mais les relents d'hégémonie des islamistes au pouvoir, réveillent la place Tahrir. En Tunisie, la contestation sociale empoisonne la vie politique et les événements font craindre un remake d'un scénario à l'algérienne. Les Palestiniens ont décroché, eux, un statut d'ami à l'ONU mais continuent toujours de mourir sous les bombardements israéliens devant l'indifférence avide des Arabes, qui détournent le regard,en se lavant les mains dans le sang syrien. Le Qatar et l'Arabie Saoudite, en butte avec ses minorités, financent une rébellion armée et ont leur guerre par procuration. Pendant ce temps, le régime d'Al Assad et l'opposition islamiste règlent leurs comptes sur le dos de milliers de cadavres d'innocents. L'Algérien Lakhdar Brahimi, mandaté par Ban Ki-moon et la Ligue arabe, n'en finit plus, lui, de promettre la fin des violences, pour peu que les deux tranchées cessent de se tirer dessus. En France, de l'autre côté de la Méditerranée, les tueries de mars 2012 à Toulouse et Montauban mettent le feu à la campagne présidentielle française. Le tueur présumé est identifié et comme par hasard, c'est un islamiste français d'origine algérienne. Il sera tué avant de parler. Le délit de faciès revient au galop et la droite se casse la gueule à vouloir trop ressembler au Front national. Le socialiste Hollande au pouvoir et en prise avec une crise économique sans précédent, se tourne vers l'ancienne colonie française pour faire son marché. Chez l'oncle Sam, Obama est réélu avec la bénédiction de Sandy, un ouragan qui après avoir fait 67 morts dans les Caraïbes, a creusé la tombe de 34 autres aux Etats-Unis. Julian Assange, l'ennemi numéro Un de Washington, après Ben Laden, bénéficie de l'asile politique de l'Equateur. Le fondateur du site WikiLeaks est retranché dans l'ambassade d'Equateur à Londres, après les menaces du gouvernement britannique de procéder à son arrestation. L'agence Moody's a dégradé 15 grandes banques occidentales après la fermeture des marchés jeudi. Les banques occidentales continuent de broyer du noir alors que cinq banques américaines ont été affectées. Moody's a abaissé d'un cran la note de cinq banques américaines dont Bank of America, tandis que les notes de Morgan Stanley, Citigroup, Goldman Sachs et JPMorgan ont été abaissées de deux crans. Les notes de la Banque Royale du Canada et de neuf banques européennes, dont Barclays, Deutsche Bank, BNP Paribas, UBS, Crédit Suisse, Crédit Agricole, HSBC Holdings, Royal Bank of Scotland et Société Générale ont également été abaissées. La note de Crédit Suisse, la deuxième plus grande banque suisse, a été abaissée de 3 crans. Et l'on reparle de plus en plus du patriotisme économique et d'un retour à la monnaie nationale. La Grèce, le Portugal ou encore l'Espagne tendent la main pour mendier quelques milliards d'euros, pour éviter la banqueroute. En attendant, le tiers monde continue toujours de mourir d'attentats, d'accident et de maladie.