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Les fins d'années se suivent mais ne se ressemblent pas

par Salah C.

De moins en moins d'Algériens s'intéressent aux fêtes de fin d'année et le meilleur indice est sans conteste la disparition remarquée des bûches des vitrines des pâtissiers, même si ce produit n'est pas totalement abandonné, comme le confirment plusieurs de ces artisans.

Attitude de rejet d'une tradition chrétienne ou simple austérité ? A entendre parler les citoyens, qui approuvent cette tendance, il s'agit plutôt de la première hypothèse et ce, en guise de réponse à toute une série d'attaques contre l'islam depuis quelques années. Nombreux sont ceux qui estiment que vendre une bûche veut dire encourager les citoyens à fêter le nouvel an chrétien, alors que la nouvelle année musulmane n'est pas fêtée avec tant de panache, ainsi que Yennayer, qui reste encore dévalué, car sinon, comment expliquer que cette célébration n'est pas officiellement reconnue et le premier jour n'est pas décrété comme jour férié. Pourtant, et même durant les années 90 lors desquelles le discours islamiste mobilisait, la bûche était étalée au grand jour et les clients se bousculaient pour l'acheter, à quelques heures de la nouvelle année. Chez les pâtissiers, on avance que ce produit ne se fait que sur commande. D'autres, ne voyant pas l'utilité de cette « interdiction » de fait, continuent à l'acheter chez certains pâtissiers situés au centre ville d'Oran et ce dans le seul but de ne pas priver leur famille d'un moment de joie. En somme, les avis demeurent partagés sur la célébration du nouvel an et si des ultra-conservateurs estiment que seules les fêtes musulmanes doivent être célébrées, d'autres estiment que l'Islam reconnaît tous les prophètes et donc, il est du devoir de tout musulman de fêter la nouvelle année, alors que la majorité le fait par vanité.

Ne voulant pas être indexés, plusieurs citoyens optent pour les friandises, et un tour au niveau des souks et notamment des superettes, suffit pour constater que ces produits sont tellement prisés que des dizaines de conteneurs sont déchargés chaque jour, auprès des grossistes. Le chocolat vient en tête de liste même si la haute gamme est cédée jusqu'à 5000 DA. Dans une superette bien connue à Oran, des citoyens ont fait leurs achats depuis plusieurs jours et ont profité de certaines promotions qui ont atteint les 50%, en raison de l'approche de la date de péremption des produits proposés. Les mêmes produits garnissent les étals de nombreux marchands à travers Oran, mais à des prix légèrement plus bas. Les commerçants des marchés se convertissent dans les fruits secs et les friandises, en attendant l'arrivée de Yennayer, le 12 janvier prochain. Mais l'un dans l'autre, les clients font également leurs emplettes pour fêter en famille la nouvelle année. D'autres préfèrent mettre le paquet en allant réserver à prix fort une table dans un restaurant, hôtel ou discothèque situés notamment à la corniche oranaise. Cette année encore, des tarifs inimaginables sont affichés à l'instar d'un lieu bien connu sur la corniche oranaise, qui propose une nuit blanche avec quelques boissons sur un fond d'animation musicale d'un DJ ou d'un cheb, à 15 000 DA. A J-2, plusieurs de ces lieux affichent complets et les plus férus cherchent une solution même chère, en allant contacter un rabatteur qui peut leur dénicher une table au prix fort, auprès de quelques personnes ayant réservé juste pour les revendre.