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La fièvre du relogement fait son chemin

par A. Mallem

La perspective de commencer la nouvelle année dans des logements neufs, rêve qu'ils n'ont cessé de caresser depuis des dizaines d'années, a fait place, ces derniers jours, à de l'inquiétude parmi les résidents du dernier grand bidonville de Constantine, celui situé à la cité Essalem du quartier Boumerzoug et que ses résidents ont baptisé par dérision «cité Bessif».

C'est un site précaire qui occupe une surface de 17 hectares et abrite plus de 1.600 familles. «On nous a annoncé dernièrement que nous ne passerions pas l'année dans notre bidonville et que nous seront évacués au plus tard le lundi 31 décembre», nous a expliqué un groupe de résidents de ce site rencontré hier. «Le 31 décembre, c'est pour demain et nous ne voyons rien venir», ont-ils ajouté, en brandissant l'article d'un journal où figure une information parue mardi 25 décembre et annonçant leur transfert avant la fin de l'année. Les mêmes sentiments d'inquiétude ont commencé à se faire jour parmi les résidents des autres sites de la ville des ponts concernés par le relogement, où la tension est montée d'un cran. Et ce n'est pas l'intervention hier à travers la presse locale du directeur de la SAU qui a tenté de rassurer les concernés éparpillés à travers les 22 sites d'habitats précaires de la ville des ponts que leur relogement commencera à partir de la première semaine de janvier qui a dissipé les appréhensions des uns et des autres, surtout qu'ils ont appris par la même presse que les programmes de distribution du logement social ont été reportés à des dates non fixées.

Ainsi, devant le silence pesant des autorités plus préoccupées à l'heure actuelle par le parachèvement des opérations de scrutin et d'installation des nouvelles assemblées locales, devant la perspective d'un long week-end qui sera occasionné par les fêtes de fin d'année et alors que les vacances scolaires ont déjà entamé leur première semaine, les concernés se posent des questions. Et fatalement, les rumeurs ravageuses font leur apparition et des citoyens nous ont signalé hier que le mécontentement gagne les habitants du bidonville de Oued El Had.

Hier, on a vainement essayé de contacter les responsables concernés par ce dossier. Durant toute la matinée et l'après-midi, nous n'avons réussi à joindre que le représentant des organisations de la société civile impliqué lui aussi dans les opérations. Et encore, ce dernier, sans nous livrer la moindre information, prétextant qu'il était en réunion, nous a promis de nous rappeler plus tard, puis son téléphone est demeuré fermé. «Pourtant, les gens sont bien en possession des décisions de pré-affectation en bonne et due forme, de même que les listes des familles ouvrant droit au relogement ont été établies dans le cadre des contrats programmes signés entre l'administration et les citoyens concernés. «Qu'est-ce qui empêche vraiment l'opération d'être lancée pour nous permettre de franchir le seuil de l'année 2013 dans la joie et l'allégresse ?», s'est demandé le groupe de résidents cité plus haut.