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Bardo : Vers l'évacuation des habitants du «bâtiment noir»

par A. Zerzouri

La fièvre du relogement refait encore son apparition dans le quartier Achour Rahmani (Bardo).

Ainsi, après le long silence qui a suivi trois opérations d'affectation de plus d'un millier de résidents de ce quartier, vers la nouvelle ville Ali Mendjeli, pour le fameux motif de la modernisation de la ville de Constantine, les agents du recensement de la société d'architecture et d'urbanisme (SAU), se sont manifestés ces deux derniers jours au niveau du bâtiment, situé en face du remblai, plus connu sous le nom de «bâtiment noir».

Les résidents de cet immeuble construit durant l'époque coloniale, qui attendaient leur relogement depuis le lancement des opérations d'éradication de l'habitat précaire, il y a près de trois ans déjà, ont été agréablement surpris par cette visite. Bien évidemment, la cause de ce relogement n'a rien à voir avec l'ancien projet de construction de tours dans le style Dubaï sur le site en question, un projet mort à l'état embryonnaire, car aujourd'hui, c'est la réalisation du Transrhummel qui exige une telle évacuation des habitants de ce bâtiment, situé dans le périmètre immédiat d'une base technique de la société brésilienne, en charge de la réalisation du pont géant et promis, donc, à la démolition, pour laisser l'espace libre revendiqué par l'avancement des travaux.

Pour l'instant, cet énième recensement n'est qu'à ses débuts, mais l'opération semble aisée relativement au travail laborieux accompli sur ce plan,au niveau de 59 sites bidonvilles dont les résidents ont été identifiés et auxquels les autorités administratives locales ont remis des bons de pré-affectations vers des logements décents programmés à la nouvelle ville Ali Mendjeli. «La majorité de la cinquantaine d'appartements du bâtiment relève de la propriété privée, et seulement quelques cas, moins d'une dizaine, y résident sous le statut de locataires de l'OPGI», nous a confié un cadre de l'organisme public, précisant sur ce registre que «la SAU n'a pas encore ficelé la liste des occupants de ce site pour une éventuelle affectation». Les agents du recensement tentent actuellement de clarifier la situation des locataires en possession d'un bail de location, les liant aux propriétaires des logements et établis chez les notaires (condition sine qua non pour une reconnaissance juridique), ainsi que la nature du dédommagement des propriétaires des locaux commerciaux installés au rez-de-chaussée du bâtiment. Enfin, faut-il le souligner, c'est là une opération qui ne manquerait pas de faire des jaloux dans le voisinage. Plusieurs résidents du quartier Bardo, «oubliés sur les lieux», souffrent le martyr dans des habitations ayant subi les désordres des sols, suite aux différentes opérations de démolitions engagées dans le sillage des évacuations du site. Des habitations fissurées, presque en ruine, menacent la vie des occupants qui attendent un «quelconque motif» pour libérer totalement cette assiette de terrain qui ne veut pas se vider de sa population.