Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

LE MAGHREBIN DE L'ANNEE

par M.Saadoune

A la mi-juillet, la météo maghrébine était devenue subitement incertaine. Des nuages se sont accumulés alors qu'au début de l'année les vents semblaient favorables avec la tournée maghrébine pleine de conviction du président tunisien Moncef Marzouki. Désormais, c'est une certitude : 2012 est une nouvelle année sans sommet maghrébin. Une de plus depuis 1994, année noire par excellence de l'Union du Maghreb.

Comme nous sommes encore en Afrique du Nord dans une configuration générale où le poids des sociétés est négligeable et celui des Etats décisif, l'absence de sommet de l'UMA peut sans grande hésitation se lire comme un échec. 2013 peut-être? Le président tunisien n'aura pas réussi en 2012, malgré son activisme, à briser la glace dans laquelle gèle l'Union du Maghreb arabe. Et ce n'est pas faute d'avoir essayé. Il avait tablé sur le réalisme politique des autres dirigeants pour que la question du Sahara Occidental qui empoisonne les relations entre Alger et Rabat soit «mise entre parenthèses». Cela n'a pas été le cas.

Au milieu de l'année, le Premier ministre marocain, Abdelilah Benkirane, mandaté par le Palais, a décrété que les conditions de la tenue d'un sommet maghrébin n'étaient pas « réunies». Le Premier ministre du PJD a introduit une conditionnalité qu'il savait inacceptable à Alger : la réouverture des frontières. Sans cette mesure, avait-il dit, un sommet serait de «pure forme». Comme il fallait s'y attendre, cette conditionnalité a été rejetée avec vigueur par Alger où l'on s'est fait fort de souligner que la question de la réouverture de la frontière terrestre algéro-marocaine est «exclusivement» bilatérale et qu'elle ne pouvait en aucun cas être liée à la tenue du sommet maghrébin. Mais on a compris. A Rabat, on ne voulait pas d'un sommet maghrébin qu'Alger n'a, au demeurant, accepté que du bout des lèvres, sans grand enthousiasme.

LE PRESIDENT MONCEF MARZOUKI A POURTANT «MOUILLE SON MAILLOT» POUR Y PARVENIR. IL A FAIT SA TOURNEE AUPRES DES CHEFS D'ETAT DU MAGHREB, IL A PLAIDE EN MILITANT DU MAGHREB. IL A MEME DEPLU A DES TUNISIENS AU TROPISME EUROPEEN PRONONCE EN DECLARANT QUE LA TUNISIE N'AVAIT PAS D'AVENIR HORS DU MAGHREB. FAISANT PREUVE D'UNE «IMPATIENCE MAGHREBINE» QUI LUI A ATTIRE LA SYMPATHIE DES MAGHREBINS CONVAINCUS, IL A DEFENDU LE PRINCIPE DES «CINQ LIBERTES» POUR LES MAGHREBINS. DES LIBERTES QUI DOIVENT PERMETTRE AUX MAGHREBINS DE CIRCULER, DE RESIDER, DE TRAVAILLER, D'INVESTIR ET DE VOTER AUX ELECTIONS MUNICIPALES? QUELQUES IDEES SIMPLES, DERANGEANTES, QUI POURTANT DEMONTRENT QU'IL EST POSSIBLE DE DONNER UN CONTENU CONCRET AU MAGHREB, DE LE SORTIR DES ARCANES BUREAUCRATIQUES POUR EN FAIRE UNE AFFAIRE DE CITOYENS. MONCEF MARZOUKI N'A PAS REUSSI A BRISER LA GLACE DES RELATIONS ETATIQUES DU MAGHREB, IL A POURTANT MIS DU SIEN. MAIS SI SON OBJECTIF N'EST PAS ATTEINT, ON NE PEUT LUI DENIER D'AVOIR ETE, EN TANT QUE PRESIDENT, AUSSI MAGHREBIN QU'IL L'A ETE EN TANT QUE MILITANT D'OPPOSITION. C'EST INDENIABLEMENT LE MAGHREBIN DE L'ANNEE.