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Fruits et légumes : Quelle solution pour les prix ?

par M. Nadir

Les produits de large consommation seront disponibles durant l'Aïd El-Adha, l'opération de résorption du commerce informel bat son plein, les marchands ambulants de produits frais peuvent activer dans des espaces spécifiques et, en l'état actuel des choses, les pouvoirs publics ne peuvent rien contre la hausse ahurissante des prix des fruits et légumes. Telle a été, en substance, la teneur de l'intervention du ministre du Commerce, Mustapha Benbada, hier, sur les ondes de la radio nationale.

Rassurant sur la disponibilité des produits de large consommation tout au long du week-end, le ministre du Commerce a indiqué que des dispositions ont été prises pour assurer les permanences et éviter la «vacance commerciale» subie par les Algériens lors de Aïd El-Fitr: «Toutes les wilayas ont installé les cellules de suivi, plus de 45 d'entre elles ont établi les plannings de permanence et nous sommes, aujourd'hui, en phase de notification aux commerçants concernés par la permanence», a-t-il expliqué en soulignant l'adhésion à cette action des professionnels et de l'UGCAA et en réaffirmant la sanction prévue en cas de défaillance des commerçants figurant sur le planning: «Un mois de fermeture en attendant des sanctions pécuniaires qu'apportera l'amendement de la loi 04-08 portant sur les pratiques commerciales.»

8.000 COMMERÇANTS INFORMELS REAFFECTES

Egalement optimiste au sujet de la résorption du commerce informel, Mustapha Benbada a fait le bilan provisoire de l'opération coup-de-poing lancée en août dernier et souligné l'élimination de plus de 600 sites «les plus nuisibles à l'économie et à l'environnement» sur les 1.520 recensés par le ministère et l'installation dans de nouveaux espaces de 8.000 agents: «Un programme est en cours pour le redéploiement de 38.000 intervenants, dont 7.000 le seront dans les prochains jours. Par ailleurs, 11.000 agents seront installés sur les sites déjà lancés et à partir de janvier prochain, 20.189 seront affectés sur des espaces à lancer», a-t-il énuméré en rappelant que la problématique devrait être résolue d'ici le prochain mois de Ramadhan.

Le coût du programme de résorption du commerce informel qui, a-t-il insisté, «n'est pas une action conjoncturelle» est de 14 milliards de dinars - dont dix seront débloqués juste avant la fin de l'année en cours - auxquels il faudra ajouter les 4,3 milliards de dinars réservés à la dernière phase annulée des 100 locaux par commune qui serviront à la réalisation de marchés de proximité. Soit un total de plus de 18 milliards de dinars pour financer l'éradication des commerces informels et la réalisation ou le réaménagement des infrastructures devant accueillir les agents économiques réaffectés.

Pour contrer la hausse des prix des fruits et légumes et la réduction de l'offre qui s'en sont suivies, Mustapha Benbada a annoncé que des directives ont été données aux exécutifs de wilaya pour aménager des espaces de stationnement aux marchands ambulants - dont l'activité est légale et organisée - à même d'augmenter l'offre à des prix abordables. «Même ceux des marchands qui ne disposent pas d'un registre de commerce peuvent bénéficier de titres d'activité provisoires auprès des communes», a-t-il encore soutenu en expliquant tant bien que mal que la hausse des prix des fruits et légumes est, en grande partie, due à la saison de transition et au retard enregistré dans la réalisation des marchés couverts.

LA RESPONSABILITE DES COLLECTIVITES LOCALES

Nettement plus embarrassé par la lancinante question de régulation des prix, le ministre du Commerce s'est réfugié dans l'argument de la loi du marché et rappelé que seule la pomme de terre est sujette à régulation par le biais de la Sirpalac (ce qui, soit dit en passant, n'empêche en rien les fluctuations): «Nous sommes dans un modèle de production saisonnier pour consommation continue, a-t-il tenté d'expliquer. Et, comme pour les fruits, l'importation est le seul moyen de garantir la disponibilité continue des légumes, ce qui n'est pas envisageable. Il faut donc trouver d'autres modèles de régulation qui puissent allier le renforcement des outils de production et systèmes de régulation», a-t-il lâché, reconnaissant l'échec des pouvoirs publics dans la régulation des prix. Sur l'anarchie qui caractérise les marchés, Mustapha Benbada n'hésite pas à pointer du doigt les agents économiques mais aussi les collectivités locales qui ne jouent pas leur rôle et n'appliquent pas la réglementation en vigueur: «Souvent propriétaires des lieux, les collectivités locales doivent respecter les cahiers des charges qui déterminent les droits et obligations de chaque intervenant», a-t-il plaidé en annonçant qu'à partir de 2013, des agents du commerce accompagneront les collectivités locales dans la mise en service réglementaire des espaces commerciaux. Par ailleurs, et au titre des réalisations prévues pour l'année prochaine, il a indiqué que 14 milliards de dinars supplémentaires seront débloqués pour la construction de 500 infrastructures commerciales alors que Magro (entreprise de réalisation et gestion des grandes infrastructures) devrait mobiliser 15 milliards de DA pour l'installation, à l'horizon 2015, d'un réseau national composé de cinq grands magasins de gros aux normes internationales.