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Le peuple syrien sacrifié sur l'autel des rivalités internationales

par Kharroubi Habib



Alors qu'il ne reste que quelques heures pour la fête de l'Aïd El-Adha, les combats entre l'armée régulière syrienne et les rebelles se poursuivent et ont même augmenté en intensité. Aucun des deux belligérants n'a pour l'heure accepté de cesser « unilatéralement » le feu à l'occasion de cette grande fête religieuse musulmane comme le leur a demandé le médiateur international Lakhdar Brahimi. Aucun pourtant n'a franchement et catégoriquement exprimé le rejet de la proposition du médiateur international. Ce qui au cas où il n'y aura pas de trêve pour l'Aïd El-Adha, autorisera chacun d'entre eux à rejeter sur l'autre l'échec de cette proposition. Brahimi a néanmoins laissé entendre qu'il ne jetterait pas l'éponge au cas où son appel à la trêve n'est pas entendu. Il a en effet programmé de retourner en Syrie après l'Aïd et de se rendre à Moscou, principale alliée de Bachar El-Assad et de son régime.

Malgré le pessimisme ambiant quant à la possibilité de l'acceptation de la trêve proposée par Brahimi, l'ONU semble encore y croire. Ce qu'elle a fait savoir en annonçant qu'elle planifie la formation d'une force internationale de maintien de la paix en Syrie au cas d'un « cessez-le-feu ». Aurait-elle engagé cette planification en l'absence de tout signe donnant à penser qu'il est possible que l'appel de Brahimi produise son effet ? En ces heures qui sont décisives pour la suite des événements dans le conflit syrien, il faut affirmer que les belligérants syriens ne se rallieront pas de leur seule propre volonté au principe de la trêve demandée par le médiateur international. Ils n'y consentiront que sous la pression de leurs alliés étrangers respectifs.

Lesquels se sont contentés jusqu'à présent d'exprimer un soutien du bout des lèvres à l'initiative de Brahimi. Aucun n'use de son influence pour pousser ses « protégés » à s'engager sur la voie préconisée par lui. Si la mission Brahimi échoue, cela sera dû au facteur étranger qui conditionne et commande le comportement et les réactions des belligérants syriens. Le prédécesseur en tant que missionnaire international pour la Syrie, Kofi Annan, a clairement mis en exergue dans son rapport au Conseil de sécurité le rôle négativement déterminant de ce facteur étranger et lui a imputé la responsabilité de l'échec de sa mission. Au cours du troisième et ultime débat électoral qui l'a opposé lundi soir à son challenger républicain Mitt Romney, le président américain en exercice Barack Obama a sur la crise syrienne soutenu le point de vue qu'il appartient « aux seuls Syriens de décider de l'avenir de leur pays ». Moscou et Téhéran qui soutiennent le camp adverse de celui qui l'est par Washington disent exactement la même chose. Sauf que par « Syriens seuls », ils entendent leurs protégés et non les autres. Ce qui permet aux belligérants en Syrie de s'exclure réciproquement et de prétendre chacun qu'il n'y aura pas de solution au conflit qui les oppose en dehors de la sienne qui évidemment ignore celle de l'adversaire.

Les divergences de la communauté internationale sur la crise syrienne ont contribué à sa « militarisation », ce qui a entraîné la sanglante tragédie dont est victime le peuple syrien. L'aveuglement et l'entêtement criminels des belligérants syriens n'absolvent pas cette communauté internationale du crime à peuple en danger. Car nul n'ignore plus que si le conflit syrien se poursuit, c'est par la volonté intéressée des plus puissants de ses Etats membres.