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Vastes opérations de suppression d'effectifs chez les constructeurs électroniques

par Hakim Faiçal

Les constructeurs du secteur des télécommunications et des nouvelles technologies se sont distingués, ces dernières semaines, par une vague de compressions d'effectifs sans précédent. Celle-ci intervient au moment où ces entreprises se sont engagées dans une vaste opération de restructuration afin de s'adapter aux mutations survenues sur le marché mondial.

L'équipementier Alcatel-Lucent a annoncé, jeudi dernier, la suppression de plus de 1.400 emplois en France dans le cadre de son vaste plan de restructuration qui se traduira par 5.490 réductions de postes au total dans le monde. Ce constructeur, qui compte économiser 1,25 milliard d'euros d'ici fin 2013, avait dévoilé au milieu de l'été un nouveau programme de réduction des coûts. Il a annoncé qu'environ 5.000 postes seraient concernés, mais il n'avait jusqu'ici précisé ni les régions ni les métiers affectés. On ne sait pas si l'Algérie, où Alcatel-Lucent est un des principaux équipementiers d'Orascom Télécom Algérie et d'Algérie Télécom, sera touchée par cette vague de compressions d'effectifs. Globalement, Alcatel-Lucent a annoncé, lors d'un comité de groupe européen, que 3.300 postes seront supprimés en Europe et dans la zone Moyen-Orient-Afrique, dont 1.430 en France, 530 en Allemagne, 290 en Belgique, et 180 en Espagne. L'Europe représente environ 60% des suppressions d'emplois, contre 26% pour la zone Moyen-Orient-Afrique.

En France, où le groupe emploie environ 9.000 personnes, près de 15% des effectifs seront compressés. Selon Isabelle Guillemot, membre de la CFDT d'Alcatel-Lucent, "le nombre de suppressions d'emplois est énorme". Elle n'hésite pas à parler de "catastrophe humaine et industrielle", en appelant le gouvernement à "prendre clairement en charge ce dossier". Le gouvernement français a réagi aux suppressions de postes d'Alcatel-Lucent en annonçant "un plan d'action pour l'ensemble de la filière des équipementiers de télécoms passant notamment par une relance des investissements des opérateurs dans les réseaux à très haut débit", ajoute la même source.

Au Japon, le géant de l'électronique Sony a annoncé, vendredi dernier, son intention de supprimer un cinquième des effectifs de son siège social et de fermer une usine de fabrication d'objectifs pour appareils photo et de téléphones portables. En plus de 1.800 salariés d'une filiale chimique vendue à une banque publique japonaise, Sony va supprimer 2.000 postes à son siège social et à son usine de Gifu, dans le centre du Japon, d'ici fin mars 2013. À cela s'ajouteront 2.000 suppressions d'emplois en Europe, dont la moitié concerne la société commune de téléphones mobiles avec Ericsson dont Sony a pris le contrôle à 100% il y a un an. Le reste des réductions d'effectifs aura lieu dans d'autres sites à travers le monde. Le constructeur japonais prévoit des économies de 380 millions de dollars par an à partir du prochain exercice, débutant le 1er avril prochain. Son Directeur Général Kazuo Hiraï, à la tête du groupe depuis avril, s'est engagé à redresser Sony en accélérant la restructuration de son activité dans l'électronique.

Le marché des PC touché également

De son côté, l'équipementier Nokia Siemens Networks a annoncé, mercredi dernier, un plan de restructuration prévoyant la suppression de 17.000 emplois dans le monde d'ici fin 2013. Ce constructeur, qui compte près de 74.000 salariés, prévoit de réaliser des économies annuelles de 1 milliard d'euros en 2012 par rapport à 2011. Ces économies seront opérées notamment au niveau des «dépenses opérationnelles et des frais de production», selon un communiqué du constructeur. L'entreprise n'a pas précisé quels pays seraient concernés par les suppressions de postes.

La crise touche également les fabricants de puces électroniques comme Advanced Micro Devices (AMD) qui a annoncé, vendredi dernier, la suppression de près de 15% parmi ses 12.000 salariés, en raison d'un ralentissement de la demande mondiale. AMD prévoit une baisse de 9% de son chiffre d'affaires au dernier trimestre de l'année en cours. En août dernier, le groupe japonais d'électronique Sharp annonçait également quelque 5.000 suppressions d'emplois dans le monde d'ici à fin mars 2013. Ces licenciements interviennent après une perte nette de 1,4 milliard d'euros, au premier trimestre de son exercice 2012-2013, principalement en raison de la déprime du marché LCD.

Par ailleurs, la société américaine de services sur Internet, Yahoo!, a annoncé, vendredi dernier, qu'elle se retirait de la Corée du Sud et mettait un terme à son service local à partir de décembre prochain. Cette décision est motivée, selon Yahoo!, par la puissante concurrence de Google et de prestataires locaux sur le marché des services en ligne et de la publicité sur les terminaux mobiles. Selon les spécialistes, la firme américaine Yahoo! n'est pas parvenue à s'imposer sur le marché sud-coréen face aux concurrents locaux comme NHN, Daum Communications et SK Communications. Le retrait de Yahoo! du marché sud-coréen intervient au moment où la guerre des brevets, notamment sur le marché des tablettes et des smartphones, fait rage entre le sud-coréen Samsung et l'américain Apple. Il reste que ces deux géants sont en pleine croissance et élargissent de plus en plus leurs parts de marchés respectives dans le monde, en attendant que la concurrence d'autres nouveaux acteurs, notamment sur le segment des tablettes, comme Microsoft, s'établissent en tant que redoutables concurrents. Microsoft fait face à une baisse de 8% de son chiffre d'affaires au dernier trimestre, par rapport à la même période l'année dernière, et à une chute de 22% de son bénéfice, en raison de la baisse des ventes de PC. Le géant mondial du logiciel PC compte lancer Windows 8 et s'investir davantage sur le marché des tablettes pour relancer ses ventes.