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Football - Troisième année du professionnalisme en Algérie : La gestion toujours au stade de l'amateurisme

par Kamel Mohamed

Le professionnalisme dans le football algérien, qui entame sa troisième année, se réduit aux finances et aux aides de l'Etat.

Les présidents de club sont en train de dévoyer l'instauration du professionnalisme dans le football algérien pour le faire capoter.

Ces présidents, réunis sous la coupe du Forum des clubs professionnels (FCP), s'activent à faire échouer un projet décidé par le président de la République, lequel s'était engagé lors de son célèbre discours à Sétif (2009), de redorer le blason du sport et du football en Algérie. Actuellement, ces présidents n'évoquent que les aides de l'Etat et la «crise financière» dans laquelle se débattent les clubs. La FAF, qui excelle dans le populisme pour récupérer le courroux des clubs, s'engage à les «aider pour la mise en œuvre du processus du professionnalisme». A l'évidence, c'est une perche tendue aux présidents des clubs qui, face à la faiblesse affichée par les pouvoirs publics, sont allés jusqu'à menacer de boycotter le championnat.

Un boycott gonflé par la FAF qui joue aux pompiers et dont le président s'est empressé de rencontrer les présidents des clubs. Aujourd'hui, avec l'entame de la troisième saison de l'instauration du professionnalisme, les clubs devraient rendre des comptes. Il faut relever que l'Etat n'a pas lésiné sur les moyens. Des aides financières ont été dégagées à ces clubs. A ce titre, on citera l'aide d'un milliard de centimes qui leur a été octroyée pour l'achat des autobus. Un cadre du ministère de la Jeunesse et des Sports a déploré que l'aide d'un milliard de centimes ne soit pas contrôlée et aurait souhaité que le MJS ou la FAF demandent à tous les clubs ayant reçu un chèque de présenter la carte grise du bus acheté au nom du club. Pis encore, une Direction nationale de contrôle de gestion des clubs (DNCG) a été mise en place par la FAF. A ce jour, cette direction n'a pas demandé de comptes aux clubs, alors qu'elle aurait dû exiger les cartes grises des autobus et vérifier ainsi si le milliard de centimes a réellement servi pour l'achat des autobus.

En outre, le cahier des charges sur le professionnalisme est jeté aux oubliettes. Or, à l'entame de la troisième année de cette expérience de réforme du football algérien, une halte devrait être marquée afin de vérifier à quel degré le cahier des charges est respecté par les clubs. Ni la FAF ni le MJS n'osent demander des comptes aux clubs, lesquels brandissent la menace de boycott à chaque fois. Le respect scrupuleux du cahier des charges aurait interdit à des clubs de prétendre au statut de professionnel. Il est inadmissible que des clubs évoluant dans un championnat professionnel ne disposent pas de stade répondant aux normes, conformément aux clauses contenues dans le cahier des charges sur le professionnalisme. C'est le prix à payer du populisme qui coïncide avec les élections ! Les clubs qui focalisent sur les aides de l'Etat n'ont jamais menacé de boycotter le championnat quand il s'agit de la formation des jeunes. Aujourd'hui en Algérie, la formation des footballeurs et des formateurs (entraîneurs) est au point zéro. Ni la FAF ni les clubs ne s'en soucient. Dans ce brouhaha, créé par des clubs ayant dépensé des milliards durant le mercato estival pour se mettre à mendier par la suite et exiger toute honte bue des aides de l'Etat, l'USMA et à un degré moindre la JSMB demeurent des exemples en matière de professionnalisme. Les deux clubs sont structurés et gérés telles des entreprises. A l'inverse, les autres clubs restent gérés de manière amateur et n'évoquent le professionnalisme que lorsqu'il s'agit de finances.

Pis encore, l'apport financier de ceux qui prétendent être les présidents des Sociétés sportives par actions (SSPA) est insignifiant pour ne pas dire nul. Et dire qu'ils osent exiger avec force les aides de l'Etat ! Le populisme de la FAF et la nonchalance du MJS ont davantage renforcé des présidents de club lesquels auraient dû céder la place à plus compétents qu'eux, à l'exemple de l'USMA où les frères Haddad ne quémandent pas un sou de l'Etat.