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GHARDAÏA : L'AGRICULTURE DANS TOUS SES ETATS

par Aïssa Hadj Daoud

Rajeunir la main-d'œuvre agricole. C'est l'objectif de l'accession à la propriété foncière agricole dont l'expérience a déjà enregistré des résultats probants, en dépit des difficultés administratives. On peut citer, à ce titre, l'exemple de la wilaya de Ghardaïa. Le développement de l'Agriculture constitue aujourd'hui et plus que jamais, un souci majeur de l'Etat devant la stagnation des niveaux de production agricole, le relèvement très sensible de la consommation, la hausse très sensible des prix et la pénurie de certains produits (la pomme de terre par exemple).

Les pouvoirs publics ont, certes, pris certaines mesures qui s'imposaient, en agissant de sorte que la demande exprimée par les populations puisse être satisfaite correctement par les potentialités propres au pays. Ceci à travers nombre d'actions tels le renforcement et le développement continuel du secteur agricole étatique, la mise sur pied d'un secteur agricole individuel et coopératif, l'aide accrue à la petite et moyenne paysannerie, et enfin, la création de nombreuses structures d'appui à la production agricole. Mais, tout compte fait, l'objectif recherché à travers toute cette démarche, à savoir l'atténuation de la dépendance alimentaire, n'a pu être jusqu'ici que partiellement atteinte à la wilaya de Ghardaïa ; la plupart des produits que nous consommons continuent en effet, d'accuser un certain retard en matière de production. Les raisons ? Elles sont aussi multiples que variées. Elles vont des contraintes naturelles (sécheresse surtout), manque d'eau, à celles bureaucratiques, en passant par nombre d'insuffisances telles la faible modernisation de l'agriculture, la réticence des agriculteurs à adopter de nouvelles méthodes culturales, l'absence de systèmes modernes d'irrigation et la faiblesse du soutien logistique aux unités de production, difficultés qui ne facilitent pas la reprise en main de l'activité agricole. Si des débuts de réponse ont été apportés, ces dernières années, à toutes ces contraintes réelles vécues par des agriculteurs, il reste cependant que d'autres facteurs contraignants nécessitent d'être résolus pour que les mesures de redressement de l'agriculture aient toute son efficacité : c'est d'abord celui d'éradiquer toute forme de bureaucratie et l'accroissement des superficies cultivables, tant il est vrai que les franges de terres actuellement exploitées ne peuvent objectivement nourrir une population sans cesse en augmentation. L'accroissement de la population et le rétrécissement des superficies agricoles utiles à cause de l'envahissement du béton, de l'abandon de milliers d'hectares par les agriculteurs, et de l'avancée du désert, exigent nécessairement un nouveau et ambitieux programme de mise en valeur de nouvelles terres particulièrement dans les zones désertiques, ou en présentant des caractéristiques similaires et susceptibles d'être régénérées par l'action plus réfléchie de l'Etat. C'est dans cet esprit d'ailleurs, que la loi du 13 août 1983 relative à l'accession à la propriété foncière agricole a été adoptée et mise en application à travers de nombreuses wilayas du Sud. Outre qu'elle a été accueillie avec satisfaction par de nombreuses agriculteurs ghardaouis, sans terre, qui désirent posséder leur propre parcelle et par ceux qui exploitent déjà des terres agricoles depuis des dizaines d'années, sans avoir curieusement obtenu à ce jour, le moindre acte de propriété de leur parcelle agricole à l'exemple du groupement agricole «El-Amal», qui œuvre depuis plus de 30 ans, à Oued Néchou. Cependant, cette loi est pourtant venue à juste titre et à point nommé, conforter des initiatives louables de mise en valeur dans ces régions éloignées du Sud. Ces producteurs agricoles se sont vite rendus compte que l'agriculture peut se pratiquer en dehors des oasis déjà existants, sur des terrains dénudés qu'il est possible d'exploiter à condition qu'il y ait des apports suffisants d'eau et la volonté de lutter contre les caprices de la bureaucratie.

Si aujourd'hui, ces initiatives ont été, il faut le dire, mal appréhendées par certaines autorités locales et par certaines institutions administratives telles que les Domaines, à cause principalement de l'indécision dans le travail, de l'absence de cadre juridique adéquat et pour bien d'autres considérations «personnelles», il en est autrement aujourd'hui où l'ensemble des institutions, à l'échelon wilaya et commune, devaient être mobilisées pour la réussite de toutes ces tentatives de mise en valeur, depuis l'adoption de loi y afférente. Considérée comme une véritable révolution foncière, cette loi du 13 août 1983 a été conçue, souvenons-nous, pour avoir des répercussions favorables sur le développement des régions du Sud, du fait qu'elle est censée contribuer à satisfaire la très forte demande locale en valorisation certaine du travail de la terre dont le corollaire est l'occupation d'une importante main-d'œuvre. A un autre niveau, et de par les regroupements de populations qu'elle doit provoquer dans les zones mêmes de mise en valeur, la loi sur l'accession à la propriété foncière agricole s'avère aussi être une parfaite contribution à l'autosuffisance alimentaire, à l'aménagement du territoire qui, dans le Sud, signifie aussi, surtout et avant tout, la rupture avec l'isolement et limiter les distances entre localités.