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Pendant ce temps Israël?

par Kharroubi Habib

Des expéditions punitives ont été menées en Israël contre les réfugiés africains vivant dans le pays. En l'espace de quelques jours, de nombreux cocktails Molotov ont visé des habitations d'Africains dans des villes proches de Tel-Aviv et même un jardin d'enfants, préludes à des chasses à l'homme qui ont pris l'allure de pogroms.

L'opinion internationale tout à l'indignation suscitée en elle par les sanglantes violences se produisant en Syrie en ces moments-là n'a que peu réagi à celle raciste exercée par des Israéliens contre les réfugiés africains. Les médias occidentaux qui se mobilisent promptement à la moindre manifestation d'antisémitisme quelque part dans le monde ont très vite «zappé» la détresse de ces réfugiés devenus les «têtes de Turc» des racistes en Israël. Il ne fallait surtout pas s'appesantir sur des violences qui révèlent que la société israélienne n'est pas imperméable au racisme et à la xénophobie. En France, les médias qui se sont tout de même fait l'écho des chasses à l'homme en Israël visant les réfugiés en ont minimisé la dimension raciste en les attribuant à la colère teintée de frustration des couches populaires en Israël confrontées aux difficultés sociales et économiques que traverse leur pays. «Circonstance atténuante» qu'ils dénoncent pourtant avec virulence quand le Front national de Marine Le Pen invoque les difficultés du même genre en France contre l'émigration présente dans l'Hexagone.

L'on n'a pas attendu ces chasses à l'homme en Israël pour savoir que cet Etat a été bâti sur des fondements racistes et la supériorité du juif sur ceux qui ne le sont pas. Les arabes palestiniens qui vivent en Israël en pâtissent depuis la création de cet Etat. Dans l'indifférence qui s'abrite derrière «l'exemplarité» de la nation juive décrétée incapable de cultiver la haine raciste dont elle a été ailleurs la victime. Ce que des citoyens israéliens encouragés par des responsables politiques font endurer à la communauté africaine présente dans leur pays, n'est pas un «débordement» factuel qui ne remettrait nullement en cause le mythe de «l'exception israélienne».

Leurs expéditions punitives ciblant le faciès des victimes montrent qu'on est devant des manifestations de racisme ouvertement assumé. Cela se serait produit ailleurs, la clameur d'indignation aurait été assourdissante. Le ban et l'arrière-ban des hommes politiques, des intellectuels et des médias en Amérique et en Europe se seraient mobilisés pour en dénoncer l'abjecte infamie. Cela a eu lieu en Israël, ce qui les oblige à en minimiser la portée à défaut de les excuser. Ils n'en exonèrent pas moins le peuple d'Israël du qualificatif de raciste en attribuant ce qui s'est passé à Tel-Aviv et d'autres localités du pays à des trublions d'extrême droite nullement représentatifs de la société israélienne qu'ils continueront de ce fait à affubler du mérite d'être indemne des tares qu'ils traquent et pourfendent chez les autres.

Le semblant de réactions de condamnation qui se sont élevées en Israël au moment des faits a apaisé les bonnes consciences en Occident. Sauf que les expéditions punitives anti-africains ne vont pas s'arrêter parce que ces voix minoritaires se sont fait entendre. Les autorités ont préparé le terrain à leur poursuite par la voix du Premier ministre Benjamin Netanyahu qui a tout bonnement averti que le phénomène des émigrés africains en Israël est «extrêmement grave et menace les fondements de la société israélienne, la sécurité et l'identité nationale». Exactement ce que dit Marine Le Pen concernant l'émigration sur le sol français. Mais pour la bien-pensance français si la fille de son père est raciste, le Premier ministre israélien ne l'est pas du tout.