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Combats près de la frontière algéro-malienne

par Moncef Wafi

Le conflit armé entre la rébellion touareg et l'armée gouvernementale au nord du Mali semble s'intensifier après le rejet du Mouvement national de libération de l'Azawad des pourparlers d'Alger.

Entré en conflit ouvert avec l'armée régulière au nord du Mali depuis le 17 janvier dernier, le MNLA, soutenu par des éléments de l'Alliance démocratique du 23 mai pour le changement, avait affirmé poursuivre le combat jusqu'à l'autodétermination du peuple azawad. Après les attaques contre plusieurs villes comme Ménaka et Aguelhoc, faisant plusieurs morts et blessés des deux côtés, le MNLA a affirmé, hier, avoir pris le contrôle de la localité de Tinzawaten, dans le nord-est du Mali. Une zone stratégique de par sa proximité frontalière avec l'Algérie. «Nous avons pris ce mercredi Tinzawaten. Nos forces occupent la ville», a déclaré à l'AFP un combattant de la rébellion touareg, en ajoutant que les combattants du MNLA allaient poursuivre leur combat et sécuriser leurs zones».

De son côté, l'armée régulière a tenu à réagir à cette information en la démentant catégoriquement par le truchement d'un officier de l'armée malienne en poste à Gao (nord-est), qui a déclaré que les militaires maliens tenaient toujours leurs positions. Une version confirmée par la presse malienne qui rapporte que ce mardi matin, vers 5 heures, les éléments du MNLA ont attaqué le poste militaire de Tinzawaten, situé à quelques kilomètres de la frontière algérienne, ajoutant que les combats ont duré plusieurs heures entre les forces armées et de sécurité maliennes et les groupes rebelles.

Au niveau du ministère malien de la Défense et des anciens combattants, on confirme l'information, tout en précisant que l'armée a vite circonscrit la menace en repoussant les assaillants, sans toutefois enregistrer de pertes en vies humaines, rapporte également la presse malienne. De son côté, la rébellion a ajourné l'information concernant d'éventuels morts et blessés dans cette prise de Tinzawaten.

Rappelons que le 26 septembre 2007, l'armée malienne avait repris le contrôle de Tinzawaten que les troupes d'Ibrahim Ag Bahanga contrôlaient depuis le 27 août de la même année, après la rupture de la trêve signée après les Accords d'Alger.

Par ailleurs, et alors que les familles des militaires maliens engagés dans le nord manifestent toujours à Bamako, à Kidal, des groupes de contestataires (touareg, arabes, etc.) ont tenté de se faire entendre ce lundi contre les nouvelles mesures de sécurité imposées dans la ville. En effet, les véhicules particuliers n'ont plus le droit de sortir de la ville, et pour les manifestants le système de sécurité est drastique.

Ce flou qui entoure ce qui se passe dans le nord du Mali est alimenté également par des informations distillées par le MNLA sur l'adhésion du colonel Hassan Ag Mehdi de l'armée régulière. Précédemment «haut fonctionnaire de défense» du ministre délégué auprès du Premier ministre, chargé du développement de la zone Office du Niger, l'officier déserteur serait rentré à Ouagadougou (au Burkina Faso) à la tête d'un convoi de 60 véhicules comprenant de nombreuses personnes. Cet officier a fait défection pour dénoncer les agissements des populations du sud du Mali à l'endroit de la communauté touareg, selon son propre communiqué. La colère de la rue avait pris pour cible des Touareg dont les propriétés ont été saccagées depuis la semaine dernière. Pourtant, le président malien Amadou Toumani Touré avait exhorté ses concitoyens à éviter «l'amalgame» entre rebelles et civils touareg : mais cette intervention présidentielle n'a pas pour autant empêché les représailles contre des familles targuies à Kati et ailleurs.

Tenue du 2 au 4 février à Alger, la rencontre dite de concertation entre le gouvernement malien, représenté par son ministre des Affaires étrangères, Soumeylou Boubeye Maiga, et l'Alliance démocratique du 23 mai pour le changement, conduite par Hamada Ag Bibi, l'un des fondateurs et porte-parole du mouvement dont des membres combattent aux côtés du Mouvement national pour la libération de l'Azawad (MNLA) contre l'armée régulière dans le Nord malien, a débouché sur un appel «pressant» pour arrêter les hostilités.