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Rébellion touareg au Mali: Le MNLA ne reconnaît pas les discussions d'Alger

par Moncef Wafi

Dans son communiqué n°05, en date du 31 janvier dernier, le Mouvement national de libération de l'Azawad, le MNLA, annonçait déjà la couleur en rappelant «qu'il n'est mêlé ni de loin, ni de près aux rumeurs de négociations qui courent actuellement sans fondement». Une annonce qui présageait certainement de la position du Mouvement quant aux pourparlers qui ont été menés, du 2 au 4 février derniers, à Alger, par le gouvernement malien avec son ministre des Affaires étrangères et l'Alliance démocratique du 23 mai pour le changement, conduite par Hamada Ag Bibi.

Entré en conflit ouvert avec l'armée régulière au nord du Mali, depuis le 17 janvier dernier, le MNLA, soutenu par des éléments de l'Alliance, revendique le droit à l'autodétermination du peuple de l'Azawad, tout en se disant «ouvert à tout dialogue» dans le cadre du respect de ce principe. Ainsi, le président du conseil révolutionnaire du MNLA, Abdel Kerim Ag Matafa, a affirmé que les discussions menées à Alger, entre le gouvernement et des rebelles touaregs du Mali ne les engagent en rien, en déniant à l'Alliance tout pouvoir de représentativité du Mouvement. Fidèle à sa ligne de conduite, le MNLA, par cette voix rappelle que toute négociation avec Bamako doit se baser sur le principe de l'autodétermination et se dérouler en terrain neutre. Abdel Kerim Ag Matafa citera en exemple le Burkina Faso, la Mauritanie ou la Suisse avec la participation directe des Nations unies, excluant de facto l'Algérie, pourtant au centre de la réconciliation malienne. Privilégiant le dialogue et la concertation, la dernière rencontre d'Alger a vu deux parties sous l'égide de la Facilitation de l'Accord d'Alger du 4 juillet 2006, décidé de fédérer leurs efforts en faisant appel à «toutes les bonnes volontés» à Kidal, Gao et Tombouctou, régions qui représentent géographiquement l'Azawad, considéré comme le fief naturel des Touareg, et Bamako, pour améliorer le quotidien des populations autochtones. La rencontre dite de concertation entre le gouvernement malien, représenté par son ministre des Affaires étrangères, Soumeylou Boubeye Maiga, et l'Alliance démocratique du 23 mai pour le changement conduite par Hamada Ag Bibi, l'un des fondateurs et porte-parole du mouvement dont des membres combattent aux côtés du Mouvement national pour la libération de l'Azawad (MNLA) contre l'armée régulière dans le nord malien, a débouché sur un appel «pressant» pour arrêter les hostilités qui ont repris, depuis le 17 janvier, dans la région où le MNLA et d'autres rebelles touareg mènent dans le nord malien une offensive visant, selon un porte-parole du mouvement, à libérer «le peuple de l'Azawad de l'occupation du Mali». Cette offensive militaire remet en cause l'Accord d'Alger, signé le 4 juillet 2006 dans la capitale algérienne, entre les représentants de Bamako et ceux de l'Alliance qui reconnaissaient, entre autres, l'intégrité du territoire malien, répondant ainsi à la crainte d'un développement d'une forme de séparatisme.

Le MAE malien, au sortir d'une audience accordée par le Président Abdelaziz Bouteflika, s'est félicité de l'assistance de l'Algérie dans le règlement de la situation au nord du Mali. Cette région frontalière avec l'Algérie revêt une importance stratégique pour Alger dans sa lutte anti-terroriste et sa stabilité, un gage de réussite dans le renforcement de la situation sécuritaire. Rappelons que sur le terrain des opérations, les rebelles ont attaqué plusieurs villes comme Ménaka et Aguelhoc, plusieurs morts et blessés ont été dénombré des deux côtés. Les batailles ont également provoqué l'exode de milliers de personnes, on parle de plus de 4500 exilés, vers des campements au Mali, mais aussi au Niger et en Mauritanie. Cette volonté d'urgence pour sortir de ce conflit, s'explique aussi par la crainte du gouvernement malien de la réaction des familles des militaires engagés dans le Nord. Ces dernières, sorties dans la rue, depuis mardi, dénoncent le silence sur la situation de leurs proches et la «mollesse du pouvoir» face aux rebelles.