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Peut-on se marier avec seulement un SMS de 0,15 DA ?

par Kamel Daoud

Comment faire pour valider les prochaines élections ? On y a pensé donc en haut lieu, là où il ne neige pas comme sur les villages d'en bas : d'abord inviter des observateurs étrangers. Ensuite mobiliser les imams et, enfin, envoyer des SMS. Ensuite ? On attend. Selon les dernières rumeurs, on va même penser à suspendre l'actuel gouvernement et le disperser le temps que chaque ministre aille dans une wilaya se faire réélire. Est-ce suffisant ? Même pas du point de vue technique. Que peuvent en effet observer des observateurs ? Rien, entre l'escorte qui va trop vite, l'indicateur qui leur sourit, le centre de vote qui sera repeint pour eux. Les nouvelles fraudes se font dans le ventre, pas dans le berceau. En amont avec le nombre de votants, et en aval avec les chiffres. C'est d'ailleurs la bonne question : qui contrôle l'addition finale ? C'est là qu'il faut un observateur majeur. Mais passons. Le tout est une question de confiance comme dit par un collègue. La confiance ne se rétablit pas par un SMS, l'envoi d'un imam et un étranger. Cela ne suffira pas pour convaincre une épouse battue pendant 50 ans, presque tuée en 88, enterrée vivante en 90 et remaquillée de force avec le dernier référendum où on l'a forcée à dire oui alors qu'elle n'a même pas ouvert sa bouche sur ses dents cassées.

Il faut donc beaucoup plus : des cadeaux, des serments et des papiers emballage ne suffiront pas. Les Algériens ont appris à peu voter parce qu'ils deviennent qu'ils sont les premiers appelés et les derniers consultés. Ensuite, il faut offrir de meilleurs candidats pour réveiller le désir. C'est essentiel. Les candidats actuels sont faibles, méchants, pas beaux, pas honnêtes et insuffisants aux tests de sélection. Un bon ministre ne leur offrirait même pas sa fille en mariage. Les partis rebutent, au lieu d'attirer et séduire. Ensuite, il faut faire oublier, et cela n'est pas évident, les fraudes des dernières décennies. Là, comme dit par d'autres, il faut que le régime ait le courage d'avouer. C'est la moitié du chemin de la réconciliation. Oui j'ai fraudé. Mandela pardonnera. On s'embrassera peut-être et, au moins, on commencera à se croire capable de vivre dans la même maison nous et lui. Et pour le moment, c'est ce qui manque et c'est ce qui n'a pas été fait : un SMS et un imam ne suffisent pas à ressusciter un mariage et encore moins à convaincre un peuple entier. Il faut plus. Des supplications. Des sorties sur terrain sans garde corps. Des décapitations de méchants en live à l'heure du JT. Des procès importants pour qu'on puisse croire que les juges sont indépendants au tribunal et dans un centre de vote. C'est ce qui manque. Maintenant si le but est de faire semblant, faisons tous semblant. Pour une comédie, 200 étrangers suffisent. Pour une relance, il faut quand même inviter réellement les 37 millions d'indigènes.