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Amara Ben Younes face aux militants de son parti : «50% des sièges du futur conseil national du parti sont réservés aux femmes»

par Ziad Salah

En début de soirée d'avant-hier, Amara Ben Younes, numéro un de l'UDR (Union démocratique et républicaine, parti en voie de constitution), a rencontré des militants et sympathisants de sa formation politique dans un salon de l'hôtel «Le Phoenix». La rencontre a été aussi un moment de discussion et d'échange de points de vue entre les convives.

Amara Ben Younes indiquera qu'il va proposer au congrès, prévu pour les 17 et 18 de ce mois, le changement de la dénomination du parti ; au lieu de UDR, il proposera MPA (Mouvement populaire algérien). Dans la même intervention, Amara insistera lourdement sur la nécessité de mobiliser les masses pour aller voter massivement le 12 mai prochain. Pour lui l'abstention signifie, d'une part, la désertion du terrain au profit des islamistes et d'autre part, permettre à l'administration de frauder à sa guise.

Et de prévenir «en cas de succès des islamistes, ne comptez pas sur les nôtres pour mettre un terme au processus électoral !» Par «les nôtres», il veut dire probablement l'armée. Concernant la participation de l'électorat à ce rendez-vous, présenté comme un tournant, Amara Ben Younes estimera que l'ouverture de la télévision aux nouveaux leaders des nouveaux partis politiques est une condition sine qua non pour fouetter et motiver cet électorat. Plus précis, il plaidera pour des débats entre représentants des partis en course sur des thèmes précis, se rapportant au quotidien des Algériennes et Algériens. D'ailleurs, il invitera les militants de son parti à ramener les discussions, notamment avec les islamistes, lors des joutes électorales, sur des questions concrètes tels que le chômage des jeunes, le problème du logement, l'érosion du niveau de vie? Auparavant, il les invitera à éviter des raccourcis du genre «assimiler musulman et islamiste». «N'est pas automatiquement islamiste la dame qui porte le hidjab», dira-t-il.

Par ailleurs, il fera part de son intention de saisir le président de la République sur la nécessité de procéder au contrôle des financements de la campagne électorale de certaines formations politiques. Et d'enchaîner : «trois leaders islamistes se sont rendus récemment à Doha», probablement pour ramener des chèques, laissera-t-il entendre. Et devenant plus explicite, il ajoutera «avec dix millions d'euros on peut organiser une campagne à l'américaine». S'agissant des partis FLN et RND, il signalera : «il n'y a pas de raisons que Belkhadem et Ouyahia se déplacent avec les moyens de l'Etat quand ils voyagent pour des affaires partisanes», tonnera-t-il. Abondant dans ce sens, il affirmera : «le lieu qui nous sert actuellement de siège national est à la charge de nos militants, alors que le FLN dispose de 3.000 locaux et le RND de 2.000 espaces, propriété des domaines publics». Se prononçant sur la future configuration de la prochaine assemblée nationale, Ben Younes est convaincu qu'aucune formation politique ne peut obtenir la majorité absolue. Par conséquent, des alliances post électorales ne sont pas à exclure, notamment entre fractions islamistes et entre le bloc dit des conservateurs et à leur tête le FLN. Pour sa part, il n'exclut pas une alliance du futur MPA avec d'autres formations avec lesquelles il a un minimum d'affinités. Au-delà, Amara Ben Younes réitère sa disposition de discuter et d'envisager une alliance avec n'importe quel leader de la mouvance démocratique. A comprendre le RCD et le FFS. A une unique condition, tiendra-t-il à préciser : «alliance pas autour de quelqu'un et encore moins contre un autre». Pour lui, le pôle démocratique est appelé, tôt ou tard, à se rassembler et à se reconstituer. Parce que la décantation de l'espace politique finira par produire deux grands ensembles : «les islamo-conservateurs d'un côté et les démocrates et modernistes de l'autre». Dans ce cadre, il reprochera presque au Président Bouteflika de ne pas avoir «monté» un grand parti démocratique, au lendemain de sa première élection et de s'épanouir du coup du FLN.

Ben Younes, s'étalera sur «l'exception algérienne» et estimera que l'Algérie est «le pays le mieux outillé dans le monde arabe pour accéder à la démocratie». Aussi, il se dit favorable à «une Union nord africaine qui engloberait le Mali et le Niger, nos voisins du Sud».

Il considère que l'Union européenne, et la France notamment, doivent être considérées comme des alliés stratégiques sur le plan économique. Ouvertement, il déclare «je ne fais pas parti de ceux qui réclament la repentance à l'ancienne puissance colonisatrice». Les tenants de cette exigence «instrumentalisent cette carte pour des intérêts partisans», sinon personnels, avance-t-il.

A la fin, Amara Ben Younes dira que son parti sera aussi le porte-voix des milliers de familles des victimes du terrorisme, notamment des policiers et militaires, qu'on a tendance à reléguer aux oubliettes. Pour le slogan du prochain congrès, le choix semble porter sur «Ni Paris, ni Doha, l'Algérie algérienne».