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Cours suspendus, pétards, salles vandalisées?: Rien ne va plus au lycée «El Hayat»

par Houari Barti

Que se passe-t-il au lycée «El Hayat» ? Le climat qui y règne depuis presque deux semaines s'apparente presque à «une mutinerie, un soulèvement contre l'ordre et la discipline de la part de certains élèves », selon les termes utilisés par les enseignants. Des batailles de pétards en plein cours. Des classes vandalisées. Du matériel pédagogique saccagé ! Plusieurs élèves, essentiellement des filles, ont été prises de malaise et ont dû être évacuées à l'hôpital à cause de ce climat d'insécurité et de peur.

Et l'administration de l'établissement dans tout ça ? Quel rôle joue-t-elle ? Apparemment aucun.

Il semblerait que la direction du lycée ait opté -probablement sur instruction de sa tutelle- pour «la retenue» en espérant que les choses finiront par se tasser d'elles-mêmes, et que la vie scolaire reprendra son cours normal. Cependant, en choisissant le «statu quo», au lieu de sévir contre les instigateurs de ce désordre, comme le réclament les enseignants, l'administration ne semble pas avoir nécessairement opté pour la meilleure des démarches. Un choix discutable, vu qu'il n'a fait «qu'envenimer, encore davantage, la situation en installant durablement ce climat d'anarchie», tel que défendu par certains enseignants. Résultat : les cours sont interrompus depuis jeudi dernier. Les professeurs refusent de travailler dans un climat pédagogique «dénué de sécurité et de calme». Et les élèves qu'en pensent-ils ? Eux qui sont au cœur de cette équation pédagogie-administration. Paradoxalement, cette «souplesse» de l'administration à l'égard des «fauteurs de trouble» est perçue beaucoup plus comme un «manque d'autorité», dont ils sont les premières victimes. Mais de quelle autorité veut-on parler ? Pour les spécialistes en psychopédagogie, «lorsque l'autorité est établie par l'usage de la force, elle devient pure contrainte et elle est aliénante et asservissante. Le pouvoir se passe du droit et impose un rapport de force. En revanche, dans la relation d'autorité normale, celle qui donne à l'enseignant et à l'administrateur plus de crédibilité, le rapport de force, la contrainte et la violence n'ont pas droit de cité. La confiance se développe par l'acceptation, l'adhésion et la coopération.» D'autre part, sans pour autant justifier l'attitude de ceux parmi leurs camarades qui sont à l'origine de ces troubles, ils estiment néanmoins, que «le contexte prévalant actuellement dans l'établissement et ses alentours immédiats, favorise toutes les formes de violence. Des rapports «tendus» avec les surveillants, interdiction de sortir à midi pour aller manger et revenir, sont, pour eux, leur lot quotidien. Depuis l'application du système de l'horaire continu, les élèves sont désormais tenus d'apporter leur déjeuner avec eux pour se restaurer sur place. Une nouvelle organisation qui ne fonctionne pas toujours comme on le souhaiterait pour l'ensemble des élèves. A cela il faut ajouter les contraintes générées par la transformation, ces derniers temps, de la rue où se trouve le lycée El Hayat, en station de bus de la ligne 29, après la fermeture de la rue Mohamed Boudiaf à la circulation à cause du chantier du tramway. Ce qui ne manque pas de créer parfois des tensions. Des tensions qui se sont déjà traduites par l'enregistrement de plusieurs cas d'agression sur des élèves du lycée, particulièrement les filles.»