C'est à la maison de la culture Abdelkader
Alloula qu'a eu lieu, mercredi dernier, la projection en avant-première
du film sur l'imam Benyoucef Essanouci Tilimçani Al-achaâri. Ce documentaire
biographique (plutôt académique) de 58 mn, réalisé et produit par Lamine Merbah
dans le cadre de la
manifestation de 2011 «Tlemcen, capitale de la culture islamique,
retrace la vie
intellectuelle (académique et dogmatique) de ce grand érudit
du XIVe siècle, mort 4 ans avant la
chute de Grenade, après avoir vécu sous le règne des Zianides.
En grand champion du fiqh au Maghreb, il adopta une position médiane entre les
deux écoles des Mu'tazilla (libre arbitre) et A'chaârite (rationalité). Outre
ses trois célèbres articles de foi (aqida soughra, aqida ousta, aqida koubra), ce
savant se distingua par plusieurs commentaires, entre autres, un poème sur
l'astrolabe d'El Habbaq, un autre d'Ibn Sina sur la médecine, de la Moudawana d'Immam
Malek, des noms sublimes d'Allah, de vers d'El Aybari et d'El Djounayd? Charles
Brosselard (orientaliste) estimait que «Sidi Es-sanouci est un des esprits les
plus éminents que l'Afrique musulmane ait produit dans son beau temps», alors
que Charles Lavigerie (missionnaire) se demandait : «Qui est donc ce Tlemcénien
dont je trouve les écrits dans toutes les maisons d'Algérie ??». Selon M. Mohamed
Baghli, chercheur en legs universel, avec sa méthodologie dite «saghirat soughra»,
Cheïkh Essanouci est considéré comme le père de la gérontopédagogie,
chose que reconnaîtra le professeur allemand Wolf de l'université de Leipzig. Cheïkh
Mohamed Ben Youcef Ben Omar Ben Choaib Essanouci naquit en 830 de l'Hégire (1426)
à derb Beni Djemla (Medress) et mourut en 895 ( un
dimanche 9 mai 1490 après la
prière de l'Asr) à Tlemcen. Sa demeure mitoyenne à sa khalwa
se trouve à derb Beni Djemla, voisine de celle du non moins illustre Sid Ahmed
Tidjani, lovée au sein de la
vieille médina. Signalons au passage que son pittoresque et
non moins séculaire ermitage abrite, chaque vendredi que Dieu fait et cela depuis
plusieurs années (1994), des séances spirituelles et académiques (873e par
rapport à vendredi dernier) sous la houlette du professeur Mohamed Baghli. A noter
que ces deux lieux, pardon repères historiques (sa douéra et sa khalwa), ont été curieusement «omis» parmi les extérieurs. En
revanche, la mosquée
éponyme de la
souiqa (derb Messoufa) sera revisitée dans ce cadre. Le
tournage a duré 30 jours et la
réalisation a demandé 6 mois de recherche documentaire basée
notamment sur des études de trois chercheurs, en l'occurrence M. Djamel Boukli
Hacène, professeur de philosophie (Tlemcen) également co-scénariste, M. Souheïl
Dib, écrivain (Tlemcen) et M. Mohamed El Amine Belghit, professeur de civilisation
islamique (Alger), selon le réalisateur. Ces derniers feront des interventions
à travers le film mais ils seront également sollicités dans le débat qui suivra
(en l'absence du professeur d'Alger qui n'assistera pas à cette avant-première).
La voix off
est confiée à Mohamed Hadj Nacer et l'illustration musicale (inadaptée à la trame) dédiée par Kissa, étudiante
à l'ISM d'Alger. Parmi le casting regroupant des comédiens de l'Institut supérieur
des métiers du spectacle et de l'audiovisuel figurent, entre autres, Samy Samir
(Cheïkh Essanouci), Nassima Chems (son épouse), Amel Benamara (sa fille)?
Le débat sera
animé conjointement par le réalisateur et les deux professeurs (précités) de
Tlemcen. Plusieurs points seront discutés à ce titre, entre autres, le scénario,
la biographie,
la khalwa, la critique d'Al Mellali, l'apport
du théâtre, la lecture
(position) universitaire, l'introduction de Cheïkh Essanouci dans l'enseignement
de la philosophie
(hommage au tandem Dr Abdelmadjid Meziane et Mohamed Bendimered)? Dans ce
contexte, deux colloques, faut-il le rappeler, avaient été dédiés à Cheïkh
Essanouci (un colloque international en 2008 à Tlemcen, sous l'égide du ministère des
Affaires religieuses, et un autre national organisé en 2010, à Beni Snous, par la daïra du même nom et la direction de la culture dans le cadre
de la commémoration
du 520e anniversaire de la mort du Cheïkh, alors que la première journée
d'étude consacrée à cet illustre érudit avait été initiée en 1983 par la société civile à la maison de la culture.